Il y a trois mois à peine, l’épidémie de Covid-19 faisait une entrée fracassante dans le quotidien des Français. Dans cet intervalle de temps, la Fondation a réussi à mettre sur pied six recherches et partenariats portant sur l’impact des mesures sanitaires, la gestion des bénévoles pendant cette crise, ou encore les nouvelles formes de vulnérabilités. Une réactivité qui trouve son origine dans des choix stratégiques à long terme. Explications.

Très tôt, l’émergence de thèmes de recherche

Dès la fin du mois de janvier, nos réseaux de chercheurs se sont agités face à une épidémie qui semblait alors très lointaine. Les ressortissants français venaient d’être rapatriés de Wuhan et mis en quarantaine. Face à une situation aussi inédite, les chercheurs en sciences sociales étaient sur le qui-vive : il fallait documenter cela. C’est ainsi que le Covid-19 a fait irruption en haut de la liste des préoccupations de la Fondation. La santé et les épidémies sont, en effet, l’une de nos trois thématiques prioritaires de recherche.

Comment pouvions-nous être utiles ? Premièrement, en répondant aux besoins exprimés par la Croix-Rouge, en première ligne dans cette crise multiforme. Puis, en nous positionnant sur certains sujets de niche, peu financés, issus des 9 thèmes prioritaires détaillés par l’OMS, afin d’organiser la recherche sur le Covid-19 et son financement de manière cohérente au niveau mondial. C’est de cette double contrainte qu’ont émergé nos sujets de recherche : d’une part, la question des bénévoles en première ligne en contexte épidémique, leur accompagnement, leur comportement ; d’autre part, l’impact des mesures sanitaires sur les plus fragiles.

Procédures flash et co-construction

Pour saisir un sujet de recherche évoluant à grande vitesse, la Fondation a été amenée à adapter ses moyens d’action. Une procédure « flash » a été mise en œuvre pour réduire de 6 mois à quelques semaines, le délai entre le lancement de l’appel à candidatures, l’évaluation des dossiers, la sélection du chercheur et sa validation par le Comité scientifique. Deux bourses ont d’ores et déjà été attribuées, et les recherches entamées. L’une, menée par Émilie Mosnier, docteure en épidémiologie et en santé publique, s’intéresse aux bénévoles en contexte épidémique, en faisant le pont entre deux territoires : Marseille et la Guyane. La seconde recherche examine un procédé particulier de suivi des cas contacts mis en œuvre avec le concours des communautés au Sénégal. Deux autres bourses sont en cours de lancement.

Par ailleurs, la situation de crise a accéléré la formalisation de partenariats d’un nouveau genre, sur des recherches menées par des équipes de l’Institut Pasteur et du CNRS. Des projets co-construits où la Fondation a plus que jamais joué le rôle exigent de trait d’union entre le monde universitaire et les équipes de terrain. Des sociologues ont ainsi pu accompagner le dispositif « Croix-Rouge chez vous », une plateforme téléphonique d’écoute et de livraison solidaire, mise en place par la Croix-Rouge française et analyser des données nous permettant de mieux comprendre les vulnérabilités, les risques liés à l’isolement et les nouvelles formes d’engagement. Pour l’avenir, les équipes de la Croix-Rouge vont bénéficier de précieuses recommandations pour analyser, faire évoluer et adapter un dispositif qu’elles ont construit dans l’urgence.

Des choix stratégiques confortés

Si les projets ont pu être montés en un temps record, c’est aussi grâce à la réactivité de certains de nos financeurs : la Croix-Rouge française, la Croix-Rouge canadienne, le Fonds Axa pour la recherche et les donateurs individuels, qui ont répondu présents suite à notre appel à la générosité publique. Ainsi, forte de la confiance accordée par ses partenaires — bailleurs, chercheurs, opérationnels —, la Fondation a montré son utilité en temps de crise et a été confortée dans ses choix stratégiques.

Photo du haut : @Croix-Rouge salvadorienne