Santé primaire et accès aux soins : de l’urgence au renforcement de l’accès aux soins

Contexte

Le droit à la santé constitue un droit humain fondamental consacré au niveau  international (Habib, 2025). Celui-ci recouvre à la fois l’accès aux soins de santé  (notamment les traitements médicaux ainsi que les soins préventifs, de réadaptation  et palliatifs) et les déterminants sous-jacents à la santé tels que l’accès à l’eau potable,  à des aliments sains et en quantité suffisante, et à des conditions de travail et  environnementales saines (HCDH, 2009).  

Partout dans le monde, néanmoins, le droit à la santé est mis à mal. Les inégalités  territoriales, économiques, sociales, mais aussi les crises environnementales,  sanitaires et politiques, compromettent la capacité de nombreuses populations à  accéder à des services de santé primaires pourtant essentiels. C’est pourquoi on parle  d’accès aux soins, notion qui va au-delà de la simple existence d’un système de santé  pour interroger les conditions réelles de son utilisation par les populations (Chambaud,  2018).  

En France, la Croix-Rouge française (CRf) se mobilise activement pour promouvoir  l’accès aux soins, à l’hygiène et aux services médicaux pour tous et toutes. Présente  dans les domaines de la prévention, du dépistage, de la médecine spécialisée, des  soins médicaux de réadaptation, des soins infirmiers et de l’hospitalisation à domicile,  la CRf gère aujourd’hui 41 structures dont 17 établissements de santé, et 5  établissements d’hospitalisation à domicile (HAD) (Croix-Rouge française, 2025a). 

Un cas d’étude : le cyclone Chido à Mayotte

Le 14 décembre 2024, l’archipel de Mayotte a été frappé par un cyclone tropical de  catégorie 4, le Cyclone Chido. Cet évènement a causé d’importants dégâts humains  et matériels, détruisant de nombreuses habitations, formelles comme informelles, des  structures de santé, des écoles, ainsi que de nombreux bâtiments publics et privés. Le  bilan officiel fait état de 39 morts et d’environ 4 000 blessés, dont 124 blessés graves  (DEALM Mayotte, 2025). 

Face à l’ampleur de la catastrophe, plusieurs équipes de la Croix-Rouge française (CRf) ont été mobilisées. À Mayotte, les bénévoles et salariés présents sur place sont  intervenus dès les premières heures. Dans les jours qui ont suivi, des renforts ont été  acheminés depuis La Réunion et l’Hexagone grâce au soutien logistique de la  Plateforme d’Intervention Régionale de l’Océan Indien (PIROI) de la CRf (Croix-Rouge  française, 2025b). 

Dans le champ de la santé, l’un des axes majeurs de cette réponse a été le  renforcement d’un dispositif d’Équipes Mobiles Santé Précarité (EMSP) (Croix-Rouge  française, 2025c). Ces équipes, conçues pour aller au plus près des populations  vulnérables, ont accompagné et soigné plus de 9 000 personnes depuis le passage  du cyclone (Ibid.). En collaboration avec l’Agence régionale de santé (ARS), la CRf  travaille actuellement à la pérennisation de ces équipes, tout en envisageant la mise  en place d’un autre type de dispositif mobile doté d’une valise de téléconsultation et  d’une cabine de consultation.  

À ce jour, peu d’études ont été menées sur les conséquences du cyclone Chido sur  l’accès aux soins à Mayotte (voir Daoudal, 2025 ; Soler et al., 2025 ; Do Monte, 2025  pour des exceptions). Il n’y a par ailleurs pas eu d’étude sur les enseignements à tirer  des dispositifs d’ « aller-vers » (Parisse & Porte, 2022) déployés par la CRf dans ce  contexte d’urgence.

Objectifs de la recherche

L’objectif de cette recherche est d’étudier les effets du cyclone Chido sur l’accès aux  soins à Mayotte, ainsi que des dispositifs déployés par la CRf pour y répondre, afin  d’en tirer des enseignements pour l’avenir. Comment la réponse au Cyclone Chido peut-elle fournir des éléments d’analyse et d’apprentissage pour assurer une  amélioration pérenne de l’accès aux soins à Mayotte ? La recherche devra permettre  de répondre à cette question, notamment afin de déterminer si la réponse d’urgence a  contribué ou non au maintien et au rétablissement de l’accès aux soins primaires, et  d’identifier les conditions du renforcement de cet accès dans la durée.  

Il reviendra au chercheur ou à l’équipe de recherche sélectionnée pour conduire ce  projet de recherche de mettre au point une méthodologie pertinente afin de répondre  au mieux aux objectifs et questions de recherche identifiés. À titre indicatif, une  approche mixte pourra être mobilisée, combinant observations de terrain, entretiens,  groupes de discussion et passation de questionnaires auprès de bénévoles et salariés de la CRf, de professionnels de santé, d’acteurs institutionnels et d’usagers des  services de santé.

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