Le projet de recherche

La transition humanitaire au prisme des relations intimes. Mixités conjugales et captation de la ‘rente du développement’ au Niger.

La transition humanitaire, à la lumière des mixités conjugales entre agents du développement et courtiers locaux, permet d’identifier et d’analyser les enjeux politiques, sociaux et symboliques de ces intimités transculturelles. Comment ces sociabilités conjugales agissent sur le tissu social et humanitaire local, et influencent les espaces d’intervention de l’aide internationale ?

Cette recherche vise à questionner l’aide humanitaire au prisme des relations intimes à partir d’une recherche empirique menée à Niamey en 2016 et 2017. Plus particulièrement, elle entend étudier les mixités conjugales entre professionnels de l’aide et acteurs locaux au Niger, en ouvrant un chantier d’ethnographie urbaine à Niamey. D’un point de vue méthodologique, l’approche ethnographique choisie articule à l’observation participante l’entretien biographique et l’entretien socio-anthropologique. L’originalité de notre enquête consiste dans l’étude des unions mixtes nées dans le cadre humanitaire, moins étudiées que celles nées dans le cadre colonial et touristique.

Ce cadre étant posé, notre projet a voulu engager une réflexion sur les changements induits par les sociabilités conjugales sur la vie des humanitaires et des acteurs locaux. Nous avons exploré la façon dont ces sociabilités conjugales peuvent participer au « transfert humanitaire », notion clé et défi actuel de l’humanitaire et qui consiste à transmettre des compétences aux locaux pour qu’ils prennent la relève sur le terrain, surtout en cas d’enjeux sécuritaires majeurs.

Nous avançons l’hypothèse que les relations intimes ne sont pas seulement accidentelles. Au contraire, elles interviennent dans la mise en œuvre et au cœur même des projets de développement et peuvent influer sur la construction de pratiques et de discours nouveaux dans le monde de l’aide, notamment en cas de situation sécuritaire précaire. C’est pourquoi nous avons cherché à saisir les apports de l’union mixte en termes d’acquisition de compétences (connaissance fine des codes sociaux, d’une langue native) rentables sur le plan professionnel.