Bourse soutenue par le Fonds Axa pour la Recherche

La Fondation Croix-Rouge française a décidé de s’associer au Fonds AXA pour la Recherche pour lancer un appel à candidature pour trois bourses postdoctorales sur le thème de la gestion des risques sanitaires et climatiques dans les pays en développement. Le Fonds AXA pour la Recherche apporte son soutien à des scientifiques et à des institutions d’excellence dont les recherches sont liées aux risques environnementaux, aux risques pesant sur la vie humaine, et aux risques socio-économiques.

Thématique de recherche

> Accès aux soins

Alors que le droit international a clairement défini un droit d’accès aux soins égal pour tous, aujourd’hui dans le monde 400 millions de personnes n’ont pas accès aux soins essentiels, et la santé reste le secteur d’intervention prioritaire de nombreuses ONG. Il y a bien eu des progrès indéniables en termes d’espérance de vie, mortalité infantile ou mortalité maternelle. Mais cette amélioration est très inégalement répartie, s’opère à un rythme trop lent, tout particulièrement dans les pays économiquement les plus démunis, et les besoins restent immenses pour apporter une réponse de long terme aux enjeux de santé.

En Afrique notamment, où les systèmes de santé demeurent particulièrement fragiles, la pauvreté endémique, les catastrophes naturelles, les conflits meurtriers, l’instabilité politique, le manque ou la mauvaise utilisation des ressources humaines ont ancré la pénurie d’offre de soins de qualité dans la chronicité. Aujourd’hui encore sur ce continent 1 femme sur 16 meurt en accouchant et 1 enfant sur 5 n’atteint pas l’âge de 5 ans par suite d’infections respiratoires, de diarrhées, de paludisme ou de rougeole.

Pourtant, nombre de pays en développement disposent de tout le potentiel nécessaire pour dispenser les soins à leur population et, à la manière de l’ONG Santé Sud par exemple, le soutien aux initiatives locales dans le plus grand respect des structures en place et des cultures peut permettre l’optimisation des systèmes de santé existants, la (re)médicalisation des zones rurales, ainsi que l’amélioration de la prise en charge des personnes vulnérables (enfants sans soutien familial, populations isolées géographiquement, femmes enceintes et nouveau-nés, personnes en situation de handicap, atteintes de maladies mentales, vivant avec une maladie grave…).

Il reste encore beaucoup à faire pour comprendre et enrayer les mécanismes d’absence de prise en charge, la constitution de déserts médicaux et l’exclusion de la santé à grande échelle dans les pays du Sud. Qu’il s’agisse de problématiques propres aux besoins en soins de santé primaires (hygiène, prévention, éducation à la santé), aux populations vulnérables (femmes, enfants des rues, réfugiés), ou aux pandémies (VIH, paludisme), quels types d’actions et de mobilisations peuvent contribuer à l’effectivité du droit à la santé et assurer un accès aux soins le plus durable possible ? Comment contribuer à l’autonomisation médicale des populations dans le respect de leurs besoins et spécificités culturelles ? Comment l’efficacité des différentes actions et innovations des ONG en matière d’accès aux soins et suivis médicaux pour les plus vulnérables peuvent être capitalisées par les différents acteurs de la société civile et publics locaux et contribuer au développement durable de la santé ? Comment favoriser ce passage de relais pour rebâtir de façon pérenne des systèmes de santé détruits par la guerre ou créer des systèmes là où ils sont inexistants, et ainsi assurer l’autonomie des systèmes de santé locaux ?

 

> Risques épidémiques

Certaines ONG telles que MSF ont su développer de réelles capacités de réponse à l’apparition de nouvelles pandémies ces dernières années (choléra en Haïti, méningites ou rougeoles au Niger, Kala-azar au Soudan, etc.). Cependant, face au virus Ebola, à celui de la fièvre de Marbourg, ou à de nouvelles pandémies comme celles à transmission rapide et accélérée par les modifications des modes de production (pandémie aviaire H5N1) ou à l’intensification des flux de population permise par les systèmes de transports publics et aériens (H1N1), « la plupart des ONG médicales sont hors-jeu », selon l’ONG Santé Sud, et montrent leurs limites dans la gestion de crises sanitaires qui ne connaissent pas de frontières et se transforment rapidement en crise humanitaire et économique.

Aussi, au-delà des aspects médicaux et scientifiques, la dimension sociale et anthropologique d’une épidémie apparait trop souvent négligée alors qu’elle nécessite une approche appropriée dans le respect du contexte culturel, sans quoi elle peut faire obstacle à la bonne conduite des opérations de secours. La transversalité des enjeux incite les experts à croiser leurs connaissances pour envisager des réponses adaptées et portées localement par les responsables communautaires et politiques. Si l’attention internationale s’est portée à juste titre sur l’absence de vaccin et de traitement, on ne doit pas occulter la faiblesse du système de santé et l’importance de le renforcer.

Comment anticiper le risque de pandémie et s’y préparer dans les pays où les systèmes de santé sont fragiles ? Comment l’efficacité des différentes actions et innovations des ONG en matière d’anticipation du risque épidémique et de traitement de la crise sanitaire qu’il peut engendrer peuvent être capitalisées par les différents acteurs publics et de la société civile, et ainsi contribuer au renforcement des systèmes de santé locaux ? Comment contribuer à endiguer les épidémies dans le respect des spécificités culturelles des populations locales ? Comment les programmes de sensibilisation et/ou programmes d’intervention en temps de crise sont-ils perçus, et quels sont les principaux obstacles à leur succès ?

 

> Risques climatiques et catastrophes naturelles

Les bouleversements climatiques et aléas naturels ont des conséquences qui dépassent largement les seuls impacts environnementaux. En 2015, à la veille de la COP21 de Paris, un rapport de la Banque mondiale confirmait par exemple le lien entre climat et pauvreté, un de ses auteurs affirmant que « 100 millions de personnes supplémentaires pourraient être pauvres en 2030 à cause du changement climatique si les politiques de développement adéquates ne sont pas adoptées ». La hausse continue des températures, l’augmentation de la fréquence des événements naturels extrêmes et de la pollution sont autant de facteurs qui, indéniablement, auront un impact sur les économies des pays les plus vulnérables, majoritairement agricoles et donc fortement dépendantes du climat. Aussi, le changement climatique exacerbe les conflits autour des ressources naturelles, obligeant les populations à des migrations forcées, qui par ailleurs tombent dans un vide juridique puisque le statut de réfugié climatique n’existe pas.

Tout cela engendre des crises humanitaires et sanitaires aux causes et modes de gestion spécifiques, et dont la multiplication, selon toute prévision, amènera ONG, États, entreprises, institutions internationales à gérer des volumes d’opération en forte croissance à l’avenir. Ce contexte nouveau conduit les acteurs de la société civile et institutions internationales à repenser leur action dans l’optique d’une transition ou articulation plus poussée avec les objectifs du développement durable, et les pouvoirs publics locaux à opter pour des modes innovants de gestion des risques et des catastrophes (nouveaux mécanismes assurantiels, Disaster Risk Reduction) et de transition énergétique. Il est donc important de s’interroger sur ce que ces bouleversements environnementaux impliquent à la fois en termes de conséquences pour les populations ainsi qu’en termes de conception et de pratique de l’action humanitaire.

Un des défis majeurs est notamment de mieux comprendre et anticiper les conséquences des programmes d’aide actuels et d’y intégrer les perceptions du risque et capacités d’adaptation des populations locales qui dépendent des ressources naturelles. Une réflexion anthropologique est à mener, qui pourrait bénéficier aux pratiques du développement et de l’aide humanitaire, sur certains de ces programmes qui ont des effets déstructurants sur les relations sociales et la manière dont les ressources sont gérées.

En quoi les risques environnementaux accrus et les évolutions que connait le secteur humanitaire sont-ils liés l’un à l’autre ? En quoi s’entremêlent-ils dans les réponses apportées aux crises ? Quelles actions contribuent à réduire la vulnérabilité et améliorer l’adaptation aux aléas météorologiques extrêmes, dans une perspective de durabilité et de résilience pérenne ? Face à cette véritable injonction que représente l’agenda climatique, comment ONG humanitaires, environnementales et de développement, du Nord comme du Sud, peuvent-elles sortir de leurs champs respectifs pour mieux se concerter sur leurs actions de terrain, coordonner leurs partenariats et porter des plaidoyers communs ? Comment la perception du risque par les populations, l’expertise opérationnelle, et le savoir-faire scientifique peuvent être utilement associés à la décision publique pour améliorer les modalités d’anticipation et de gestion de la reconstruction ?

 

Zones géographiques de recherche

Ces thèmes pourront être abordés dans une zone géographique comportant un ou plusieurs pays. La Fondation, en collaboration avec le Fonds AXA pour la Recherche, a identifié pour cet appel neuf pays prioritaires :

Burkina Faso

Madagascar

Côte d’Ivoire

Maroc

Cameroun

Niger (chercheurs résidents uniquement)

Guinée

Sénégal

Mali (chercheurs résidents uniquement)

Les pays ciblés constituent une entrée empirique pour les recherches. Ils ne correspondent en aucun cas aux nationalités d’éligibilité du candidat.

L’accès au terrain sera conditionné par une évaluation précise des risques remise lors de la candidature et mise à jour avant le départ en prenant soin de vérifier au préalable les recommandations du MEAE français.

Bourse postdoctorale

Montant : 17 000 €

Dates clés :

• 12 mars 2018 : lancement de l’appel
• 15 avril 2018 : clôture des préinscriptions
• 13 mai 2018 : clôture des candidatures
• Début juillet 2018 : annonce des résultats
• 1er sept. 2018 : début des recherches
• 1er sept.2019 : rendu des livrables

Thèmes :

• Gestion des risques
• Accès aux soins
• Catastrophes naturelles
• Risques épidémiques