Le projet de recherche

Analyse socio-économique du recours aux soins communautaires à Madagascar

Bien que des soins de proximité aient été instaurés depuis 2011, beaucoup de ménages continuent de pratiquer l’automédication. À travers cette étude, nous avons cherché les causes de la faiblesse du recours aux soins communautaires. Le but était de pallier les problèmes d’accessibilité aux soins et par conséquent, de parvenir à réaliser la couverture sanitaire universelle.

Comprendre le faible recours aux agents communautaires

Parmi les recherches portant sur le cas de Madagascar, aucune ne visait à expliquer le comportement des ménages vis-à-vis des agents communautaires qui offrent des soins de proximité. La présente étude vise à renforcer les littératures en la matière en effectuant une analyse socio-économique du recours aux soins communautaires à Madagascar. Pourquoi les impacts du programme de prise en charge communautaire sur le recours aux agents communautaires (AC) ne sont-ils pas significatifs ? La recherche menée comporte deux objectifs précis :

– Réaliser une analyse comparative entre les différents types de recours aux soins en termes de coûts, efficacité et qualité des soins offerts

– Identifier des déterminants socio-économiques du recours aux soins communautaires chez les enfants de moins de 15 ans à Madagascar

 

La problématique de l’accès aux soins à Madagascar

L’enquête s’est déroulée à Madagascar, un pays à faible revenu où les inégalités sont flagrantes entre riches et pauvres et entre milieu rural et milieu urbain. La population rurale qui représente 66,17% de la population totale a, pour la plupart, des problèmes d’accessibilité aux soins. L’éloignement géographique par rapport aux centres de soins en est

l’une des principales causes. Plus de 40% de la population habitent à plus de 5 km des formations sanitaires. A cela s’ajoute l’insuffisance en personnel médical (Ministère de la santé, 2012). Plus de 80% de la population malgache ne dispose que de 1,90 dollars par jour (en Parité de Pouvoir d’Achat) pour survivre (Banque Mondiale, 2019). Le niveau de la disponibilité des ménages à payer pour la santé constitue ainsi une des causes du faible recours aux soins. Les zones étudiées sont par ailleurs des zones difficiles d’accès.

 

Une relation soignant-soigné satisfaisante mais des moyens limités

Nos résultats ont montré que le comportement des ménages par rapport au recours aux soins dépend en grande partie de la perception qu’ils ont de la maladie qui les frappe. Pour se faire soigner, ils choisissent entre centres de santé publics (CSB), sites communautaires, pharmacies, guérisseurs et centres de santé privés. Ce sont ces derniers qui les satisfont le plus, bien que les services qui y sont offerts sont bien plus onéreux qu’ailleurs. Le choix des mé

nages va ensuite aux agents communautaires (AC). Les principaux déterminants du recours aux AC sont les relations soignant-soigné et la durée de l’attente avant d’être reçu en consultation. En effet, les ménages trouvent que chez les AC la relation soignant-soigné est la meilleure. C’est dans les sites communautaires que la durée d’attente pour une consultation est la plus courte et c’est là que les coûts sont les plus abordables. Cependant, sachant que souvent les AC ne disposent pas de matériels et de médicaments, les patients préfèrent aller ailleurs pour se soigner.

 

Renforcer le soutien aux agents communautaires

À travers cette étude, nous avons cherché les causes de la faiblesse du recours aux soins communautaires. Des recommandations ont été tirées dont essentiellement le renforcement de la compétence des AC et leur ravitaillement en intrants. Ces informations sont essentielles afin d’orienter les acteurs humanitaires et sociaux. Le but est de favoriser la couverture sanitaire universelle.

 

Biographie

Economiste de formation, Marilys Razakamanana s’est spécialisée en Economie de la santé dans le cadre de son doctorat. Sa thèse proposait une analyse micro et macroéconomique des effets du paludisme et de la pneumonie à Madagascar. Elle a réalisé des études pour des projets de l’Institut Pasteur de Madagascar ou l’UNICEF portant sur la budgétisation des dépenses en santé, la vaccination, l’analyse des fonds d’équité, etc… Elle a également mené des recherches sur le recours aux soins à Madagascar, celui concernant les femmes enceintes et le recours aux agents communautaires. Elle s’intéresse désormais non seulement à la santé mais aussi au capital humain en général.

 

@ Marilys-Victoire Razakamanana