Voici les travaux de l’économiste de la Santé Marilys Victoire Razakamanana dans le cadre de notre série hebdomadaire des Papiers de la Fondation, articles rédigés par les chercheurs que la Fondation soutient, au terme de leur année de recherche. Les Papiers de la Fondation, articles scientifiques d’une vingtaine de pages, présentent les résultats de leurs travaux, sous la forme de working papers. Ils sont rédigés selon des critères académiques pour des publics spécialisés ou non, afin de mettre à la disposition de tous les acteurs les savoirs ainsi créés et permettre un large débat.

Les Papiers de la Fondation : diffuser la recherche et susciter le débat

« Analyse socio-économique du recours aux soins communautaires à Madagascar »

Marilys Victoire RAZAKAMANANA, docteur en Economie de la Santé, enseignante-chercheure au Centre de Recherche pour le Développement, Université catholique de Madagascar

Résumé

Le programme de prise en charge communautaire a été mis en œuvre pour la première fois à Madagascar en 2011. Le but est de pallier aux problèmes d’accessibilité aux soins. Cependant, bien que des soins de proximité aient été ainsi instaurés, jusqu’à présent, beaucoup de ménages continuent de pratiquer l’automédication. À travers cette étude, nous avons cherché les causes de cette faiblesse du recours aux soins communautaires. Pour ce faire, nous avons mené des enquêtes dans deux districts ruraux. Une analyse comparative entre les différents types de recours aux soins, en termes de coûts, d’efficacité et de qualité des soins offerts a été faite. Les déterminants socio-économiques du recours aux soins communautaires chez les enfants de moins de 15 ans ont été aussi identifiés.

Nos résultats ont montré que le comportement des ménages par rapport au recours aux soins dépend en grande partie de la perception qu’ils ont de la maladie qui les frappe. Pour se faire soigner, ils choisissent entre centres de santé publics (CSB), sites communautaires, pharmacies, guérisseurs et centres de santé privés, mais ce sont ces derniers qui les satisfont le plus bien que les services qui y sont offerts sont bien plus onéreux qu’ailleurs. Le choix des ménages va ensuite aux agents communautaires (AC). Les principaux déterminants du recours aux AC sont les relations soignant-soigné et la durée de l’attente avant d’être reçu en consultation. En effet, les ménages trouvent que chez les AC la relation soignant-soigné est la meilleure. C’est dans les sites communautaires que la durée d’attente pour une consultation est la plus courte et c’est là que les coûts sont les plus abordables. Cependant, sachant que souvent les AC ne disposent pas de matériels et de médicaments, les patients préfèrent aller ailleurs pour se soigner.

Mots clés : Madagascar, recours aux soins, agents communautaires, déterminants socio-économiques.

Crédit photo : © Marilys Victoire Razakamanana