Le projet de recherche

Vieillir en exil : Accès aux soins et vécu des personnes âgées ukrainiennes refugiées en France

Ce projet entend apporter un ancrage dans le champ de la sociologie du vieillissement et une approche centrée sur la situation d’exil et le statut des personnes réfugiées. Nous tentons de comprendre quelles sont les expériences de l’exil des personnes âgées ukrainiennes réfugiées en France.

 

Un processus d’invisibilisation des personnes âgées ukrainiennes en France

 

La guerre en Ukraine a éclaté le 24 février 2022. Pour fuir la violence, plusieurs millions d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes ont quitté leur pays pour trouver refuge dans les pays voisins et dans certains pays plus éloignés en Europe comme en France où les dernières estimations portaient à environ 100 000 personnes réfugiées ukrainiennes sur le territoire. Comme souvent dans le cadre de crises humanitaires, les personnes âgées sont invisibilisées malgré des formes de vulnérabilités accrues par des fragilités sanitaires et sociales liées à l’âge. Etant donné le processus d’invisibilisation des vécus et des conditions d’accueil des personnes âgées réfugiées ukrainiennes en France, ce projet entend interroger la manière dont la situation d’exil en France impacte les vécus et les positionnements des personnes âgées face à leur avancée en âge. Cette recherche repose sur trois objectifs principaux : le premier concerne l’identification des personnes âgées réfugiées ukrainiennes, il s’agit de décrire les caractéristiques de ces personnes et leur vécu de l’exil. Le second concerne les conditions de vie des réfugiés âgés en Frances. Le troisième objectif est de comprendre comment les personnes âgées ukrainiennes réfugiées en France vivent cette situation d’exil dans le contexte d’une période marquée par un certain cumul de vulnérabilités : sociales, économiques et psychologiques.

 

Pallier au manque de données recensées sur leurs conditions d’arrivées, de vie et d’accueil

 

Très peu de données sont collectées sur les conditions d’arrivée, de vie et d’accueil des personnes âgées ukrainiennes exilées en France. Nous proposons donc de questionner la manière dont est vécue la situation d’exil en France par ces personnes. Nous souhaitons également comprendre comment ces situations d’exil impactent les vécus de l’avancée en âge dans ce contexte.

Pour cela, l’enquête se déroule en deux volets. Le premier relève d’une approche quantitative et consiste en un recensement le plus exhaustif possible est réalisé auprès de toutes les institutions susceptibles de fournir ces informations (associations, services de l’Etat, services de collectivités territoriales) en commençant par les régions où la présence de personnes réfugiées est la plus importante. C’est le cas de la région Ile de France, de la région Grand Est, de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la région Auvergne-Rhône-Alpes. La base de données constituée est analysée afin de pouvoir dégager les grandes tendances des conditions d’arrivée et d’accueil et de la constitution des réseaux de solidarité. e second volet relève d’une approche qualitative à partir de la réalisation d’une trentaine d’entretiens semi-directifs réalisés auprès de personnes âgées ukrainiennes ayant fui leur pays, nous recueillons et analysons les perceptions des conditions d’accueil en France et leurs besoins identifiés.

 

Contribuer à la recherche sur les personnes réfugiées âgées en visibilisant leur situation

 

Les intérêts scientifiques de ce projet sont de différents ordres. D’abord c’est de permettre de visibiliser des situations qui sont marginalisées dans le cadre des politiques publiques mais aussi dans le champ scientifique : le cas des personnes réfugiées âgées. Si cela peut s’expliquer en partie par la proportion encore relativement faible de personnes âgées au sein de la population réfugiée, cette situation va évoluer eu égard au vieillissement de la population et au contexte dans lequel certaines populations sont fragilisées par la survenue et parfois la superposition de crises : sanitaires, climatiques et humanitaires. Autant la littérature scientifique en sciences humaines et sociales sur les personnes âgées migrantes est assez foisonnantes autant il existe très peu de recherches sur les personnes réfugiées âgées en France. Ensuite, ce projet s’inscrit dans l’urgence d’une crise humanitaire et va permettre de contribuer à la recherche en situation de crise.

 

Biographie

 

Titulaire d’une thèse en socio-démographie intitulée « Connaissances, pratiques et acceptabilité des gérontechnologies à La Réunion, Armelle Klein a travaillé sur les usages des technologies de la santé et de l’autonomie et des technologies de l’information et de la communication. Elle a aussi travaillé sur l’accès à la prévention des populations vulnérables et sur les transformations de l’offre d’accompagnement de l’avancée en âge et du handicap. Elle est actuellement en post-doctorat au Ceped au sein duquel elle mène des recherches sur l’accès aux soins des personnes âgées en grande précarité en situation de crise.