Catastrophes naturelles et dégradation des services urbains : le cas de la Gestion des déchets
Comprendre le rôle des populations sinistrées dans la gestion des déchets post-catastrophe.
Contexte, enjeux humanitaires et sociaux et problématique
Les catastrophes naturelles dégradent l’accès aux services urbains essentiels : eau potable et assainissement, santé, énergie, transport, communication et gestion des déchets. Les problématiques autour de la gestion des déchets post-catastrophe sont encore peu étudiées aujourd’hui. Or, les catastrophes créent de grandes quantités de déchets qui, mal gérées, peuvent avoir des impacts environnementaux et sanitaires importants : pollutions des milieux naturels (eau, sol et air), propagation de maladies via le développement de virus ou de moisissures, etc. De plus, du fait l’accumulation des déchets, du mélange de déchets, de leur dispersion, mais aussi de la saturation des moyens de secours et de l’endommagement des réseaux de transport et de communication, le service de gestion des déchets est fortement dégradé. Pour répondre à ces perturbations, celui-ci doit se réorganiser : de nombreux acteurs se retrouvent ainsi impliqués, notamment les acteurs de la gestion de crise, les associations environnementales ou de sécurité civile ou encore les populations impactées.
La recherche a pour objectif d’étudier l’impact de la dégradation du service de gestion des déchets après une catastrophe sur les populations touchées. Deux questions principales guident cette recherche : 1) quelle est l’acceptabilité de la dégradation du service de gestion des déchets dans les zones impactées ? et 2) comment les populations peuvent intervenir dans la gestion des déchets post-catastrophe pour pallier les difficultés du service public dégradé ?
Terrain de recherche et méthode d’investigation
Le projet s’intéresse au cas des ouragans sur l’ile de Marie-Galante (Guadeloupe). La double insularité du territoire (vis-à-vis de la Guadeloupe) accentue en effet la nécessité pour les populations d’agir par elle-même, du fait de la difficulté d’évacuer les déchets d’une part, et de recevoir des moyens (humains et techniques) supplémentaires d’autre part. Des entretiens sont réalisés avec les acteurs locaux de la gestion des déchets post-catastrophe, et des exercices de gestion de crise sont conduits avec des populations en zone à risque.
Les intérêts scientifiques de la recherche et pour les acteurs humanitaires et sociaux
Cette recherche permet de faire connaitre le sujet et les enjeux de la gestion des déchets post-catastrophe aux acteurs de la sécurité civile, qui se retrouvent généralement impliqués dans la gestion des déchets post-catastrophe, ainsi qu’aux mairies, premiers intervenants institutionnels locaux en cas de catastrophe.
Au niveau local, les exercices de gestion de crise permettent de sensibiliser les populations sur le terrain étudié. Les résultats peuvent être utiles pour montrer l’intérêt de tels exercices pour les populations habitant des zones à risques
Le projet porte une thématique à forts enjeux, les déchets post-catastrophe, mais encore peu étudiée dans la recherche française.
Outre les résultats sur les déchets post-catastrophe, ce projet permet :
1) De tester l’utilisation d’une méthode d’analyse fonctionnelle pour le développement de scénarios catastrophes et donc, à termes, questionner la planification ;
2) De mettre en lumière les liens entre réseaux techniques, service public et gestion de crise ;
3) De s’intéresser aux capacités d’adaptation des populations sinistrées par des catastrophes naturelles sous l’angle de la prise en charge des services publics par les populations sinistrées ;
4) D’observer l’utilité de faire des exercices de gestion de crise (généralement réalisés par des acteurs opérationnels) pour la population.
Biographie
Les recherches de Gaïa Marchesini portent sur l’adaptation des villes et des systèmes sociotechniques urbains au changement climatique. Après un diplôme d’ingénieure en filière eau et environnement à l’école des Ponts et Chaussées, elle a réalisé une thèse de doctorat sur la réorganisation du système de gestion des déchets après une catastrophe naturelle à l’université Gustave Eiffel. Elle a travaillé sur la quantification des catastrophes d’origine hydrique et sur les responsabilités locales en matière de planification de la gestion des déchets en cas de catastrophe. Enfin, cette recherche financée par la fondation Croix-Rouge permet de poursuivre les questions soulevées lors de sa thèse en se focalisant sur un aspect peu traité jusqu’alors, le rôle des sinistrés dans la gestion des déchets post-catastrophe.