Environnement sécuritaire et offre humanitaire : l’évolution des représentations des réfugiés du site de Gado Badzeré au Cameroun
La prolifération de l’insécurité et la permanence de la violence trouvent quelques clés de compréhension dans les représentations des réfugiés sur l’offre humanitaire. La présente réflexion vise à comprendre comment dans un univers violent, les représentations des réfugiés sur l’offre humanitaire évoluent et comment ces populations réfugiées s’organisent pour produire leur propre sécurité.
Le site de réfugiés de Gado Badzeré adopte d’une certaine façon, une structure urbaine, mais dont la présence permanente des autorités administratives rappelle l’autorité, le pouvoir et même la contrainte. On peut mobiliser la structure de gouvernance à travers un examen des pratiques du personnel humanitaire. L’organisme, le plus sensible et très directement ciblé par ces questions est le gestionnaire de camp ou camp management en l’occurrence Première Urgence Internationale dans le site de Gado Badzeré. Le cycle des activités quotidiennes implique de la familiarité avec les réfugiés que les professionnels rencontrent couramment.
Les réponses drastiques aux actes d’insécurité instaurent le pouvoir, un pouvoir de contrainte ou du moins de participer au processus de contrainte. Ici, non seulement le camp management prend la figure paternelle, mais il établit une relation verticale. Ces représentations par la suite peuvent évoluer lorsque les difficultés, la précarité et les plaintes ne trouvent pas, de manière adéquate, de résolutions. Survient une relation conflictuelle, une géométrie des rapports qui change et parfois de la violence.
On peut également noter un troisième mouvement. Même s’il est moins répandu, c’est celui de l’autonomisation ou le réfugié passe de la phase d’assistance à la phase d’autonomie. Dès lors, le sujet se pose ou se réalise et prend peu à peu de la distance vis-à-vis de l’espace humanitaire. Manifestement, dans cet environnement de vulnérabilité sécuritaire, se façonnent un ensemble de représentations, une image de l’action humanitaire qui est associée directement aux professionnels qui opèrent dans le site et dont l’évolution peut très souvent être facteur d’insécurité.