Transition humanitaire - Développement - Régime
Cette recherche interroge le sens et la portée de la « transition humanitaire » au Laos, un pays qui n’est pas considéré comme prioritaire car il ne subit pas de catastrophes naturelles de grande ampleur ou de conflits armés. Pourtant, les besoins humanitaires existent : le Laos reste un des pays les plus pauvres du monde.
En couplant une démarche de socio-anthropologie du développement avec une analyse spatiale à travers l’utilisation des SIG (systèmes d’information géographique), ce projet de recherche avait pour objectif de faire un état des lieux de l’action humanitaire au Laos et de décrire les transformations de son champ d’intervention en nous intéressant notamment au renouvellement des pratiques, au positionnement éthique, et à la définition d’une stratégie au sein d’un environnement politique et économique complexe. A partir d’enquêtes réalisées au Laos entre juillet 2014 et août 2015, cet article propose une cartographie du paysage humanitaire et une analyse à la fois qualitative, quantitative et spatiale de ses acteurs, des activités, des dynamiques et des modes de gouvernance.
Nous avons questionné la place du dispositif humanitaire dans un contexte où la priorité est donnée au développement. Le cas du Laos est riche d’enseignements car il fait clairement apparaître la grande porosité des frontières entre humanitaire et développement, à la fois pour les populations concernées, les acteurs de terrain, les bailleurs de fonds et les gouvernants. Nous avons tenté de décrire les difficultés et les dilemmes rencontrés par les acteurs. Comment travailler dans un contexte autoritaire ? Comment se positionner ? Les acteurs humanitaires doivent-ils se retirer pour laisser la place aux acteurs du développement ou doivent-ils évoluer et adapter leurs interventions au regard du contexte politique, de l’évolution des besoins et des modes de financements ? Enfin, la dichotomie classique humanitaire/développement est-elle pertinente au Laos ?