LES EFFETS DE L’HEBERGEMENT LONGUE DUREE DES SANS-ABRIS PENDANT LES DEUX CONFINEMENTS. ETUDE DE CAS A PARTIR DU CENTRE D’HEBERGEMENT ET D’ASSISTANCE AUX PERSONNES SANS-ABRIS (CHAPSA) DE NANTERRE
« Le projet propose une évaluation d’une situation inédite sur l’hébergement longue durée des sans-abris dans un centre d’hébergement où normalement l’accueil est fait par nuitée. Il est important d’analyser cette situation parce qu’elle réinterroge les pratiques professionnelles des centres d’hébergement. »
Une prise en charge des personnes sans-abris bouleversée par les confinements
Le Centre d’Hébergement et d’Assistance aux Personnes Sans-Abris (CHAPSA) situé à Nanterre a hébergé des sans-abris pendant les deux confinements (du 17 mars au 10 mai, et du 30 octobre au 15 décembre 2020). Une prise en charge de longue durée, contrainte par les mesures de confinement stricte en 2020, a donné des résultats inattendus. Des maladies chroniques ont été stabilisées et même la sortie du dispositif de certains hébergés a été observé. Ce projet propose de faire une analyse de l’hébergement longue durée dans le centre CHAPSA pour éventuellement proposer ce nouveau système aux autres centres.
Les objectifs secondaires sont de :
- Documenter les différentes mesures et actions réalisées par les professionnels du CHAPSA pendant les deux confinements.
- Comprendre le ressenti des sans-abris par rapport aux changements de fonctionnement du CHAPSA pendant les confinements.
- Proposer des pistes d’amélioration des prises en charge de sans-abris, vers l’écoute des besoins des usagers et donc la possible adaptation de ces prises en charge dans le CHAPSA et d’autres centres.
Le CHAPSA de Nanterre pendant le confinement
En 2020 et 2021, trois confinements ont eu lieu en France. Dans cette période d’incertitude et d’adaptations faites chaque jour (Damon, 2021), le Centre d’hébergement et d’assistance aux personnes sans-abris (CHAPSA) de Nanterre a hébergé des sans-abris pendant les deux confinements. Il a réalisé une prise en charge de longue durée dans l’unique objectif de répondre à un besoin urgent.
Pendant les confinements, dans le CHAPSA, les personnes sans-abris ont eu un suivi complet et continue. Cette situation n’a pas pu être testé auparavant à cause du système d’hébergement par nuitée.
Cet hébergement de longue durée a pu aider à faire un suivi médical des patients, agir rapidement quand c’était nécessaire et donc réussir la stabilisation de pathologies chroniques. En plus, d’autres personnes ont pu sortir des dispositifs.
Afin de réaliser cette étude, 20 personnes seront interviewées, ces personnes étant soit des professionnels dans le CHAPSA, soit sont ou ont été des usagers du CHAPSA.
Trois étapes seront mises en place : (1) la recherche bibliographique sur le sujet d’étude (prise en charge lors de confinements) ; (2) l’organisation et l’analyse d’une partie des données quantitatives de cadrage et de l’historique des hébergés ; (3) les entretiens semi-directifs auprès des professionnels (10 entretiens) du CHAPSA et des hébergés (10 entretiens) sur leur expérience lors des trois confinements.
De cette étude se dégagent 3 grands enseignements principaux
- L’écoute des besoins des hébergés par les professionnels du CHAPSA améliore ses relations mutuelles
- L’amélioration de l’écoute des besoins des hébergés a accéléré le temps de sorti de dispositif de certains hébergés.
- Le changement de fonctionnement du CHAPSA, lors des confinements, pourrait permettre l’amélioration de la prise en charge des sans-abris dans le CHAPSA et dans d’autres centres
Biographie
Stéphanie Espejo Zeballos a soutenu une thèse intitulée « Habiter les interstices urbains. Une analyse des formes d’appropriation, d’adaptation et d’innovation de populations en grande précarité à Lille (France) et Medellín (Colombie) » au laboratoire TVES à l’Université de Lille en 2022. Ses recherches portent principalement sur les friches urbaines.