Le projet de recherche

L’ÉVALUATION DES ACTEURS DE L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE EN FRANCE DANS LE SOUTIEN AUX POPULATIONS MIGRANTES : QUELS INDICATEURS ? QUELS OUTILS ?

 Les constructions de politiques publiques « intégratives » génèrent de nouvelles solidarités internationales. Il s’agit ici d’en faire un état des lieux auprès des acteurs de la région grenobloise, de Briançon et de la frontière italienne

Des principes d’évaluation dits « participatifs »

Cette étude cherche à décrire les principes de l’évaluation des acteurs de l’ESS et des personnes migrantes, dans une approche de développement des processus d’évaluation dits « participatifs » ou « inclusifs », puis de les comparer aux évaluations des institutions (collectivités, institutions étatiques). Il s’agit de vérifier que les méthodes d’évaluation des acteurs de l’ESS et des personnes migrantes ne sont pas normées par rapport à une approche quantitative, non catégorielle et axée sur la performance. Cette approche a permis d‘analyser l’influence réciproque au sein des organisations qu’engendre la diversité des méthodes d’évaluation.

 

Enquêter dans des territoires alpins dits « accueillants »

L’enquête s’est déroulée de septembre 2018 à septembre 2019 sur deux territoires alpins dits « accueillants » : Grenoble et Briançon. Bien qu’ils ne se décrivent pas comme « pro-migrants », les citoyens et les collectivités des deux communes ont été très actifs quant à l’accueil et au soutien des personnes migrantes. Leurs mairies ont par ailleurs participé à la création, le 28 septembre 2018, à Lyon, de l’association des villes et territoires accueillants. Ce dynamisme local des associations, des citoyens et des collectivités a permis de simplifier la rencontre avec les personnes interviewées (associations, collectifs d’habitants et personnes migrantes).

Au regard de la situation particulière de Briançon comme territoire de transit et du fait des études existantes, cette recherche a intégré l’observation participante comme méthode préalable à l’enquête : participation aux repas et aux rangements des vêtements avec les bénévoles, les responsables associatifs et les personnes arrivant d’Italie, ce qui a permis d’appréhender au mieux leur situation et leur vison.

 

Construire de nouvelles méthodes d’évaluation

De nombreuses associations et collectivités font face à des problématiques sociales, politiques et économiques pour assurer l’accueil et les droits des personnes migrantes. Dans la production d’indicateurs, l’uniformité imposée entraîne une routinisation des pratiques et se révèle in fine être un soft power dans les relations, ainsi qu’un outil précis pour la domination d’un certain type d’acteurs.

La normalisation de l’approche « coût-résultat », ou le développement des approches par la performance, empêche quant à elle la diversification des types de sociétés, entraine la négation de l’« Autre » et ses valeurs, et nuit à l’imagination du corps social.

Il est aujourd’hui nécessaire de construire de nouvelles méthodes d’évaluation, de valoriser les actions des acteurs de l’ESS et de prendre en compte d’autres indicateurs afin de dynamiser la vie politique et sociale.

 

Générer de nouvelles solidarités internationales

Cette recherche est le développement de précédents travaux portant sur la construction des indicateurs dans les évaluations des politiques publiques d’aide au développement. Les constructions de politiques publiques « intégratives » et leur manquement génèrent de nouvelles solidarités internationales. Il s’agissait ici d’en faire un état des lieux à travers des enquêtes qualitatives et quantitatives auprès des acteurs de la région grenobloise, de Briançon et de la frontière italienne.

Cette recherche fait état de la construction des indicateurs dans la sociologie du pouvoir mais également dans la sociologie de la connaissance, l’évaluation entrant clairement dans le champ politique.

 

Biographie

Cristèle Bernard a obtenu sa thèse en sciences politiques au sein du Centre Lyonnais d’Etude de Sécurité Internationale et de Défense (CLESID) de l’Université Lyon 3 sous la direction de Taouk Bourgou et du Pr Babaly Sall. Elle travaille depuis plus de 15 ans auprès d’associations de Défense des Droits de l’homme, de prévention des crimes contre l’humanité, d’associations de développement démocratique et citoyen en France et au Sénégal. Elle a également été experte en évaluation à la Commission européenne dans les projets EACEA 2020 (Education, Audiovisual and Culture Executive Agency) pour le développement en Europe de projets relevant notamment de la culture, de la participation citoyenne et de la jeunesse.