Comprendre et favoriser l'acceptabilité sociale des nouvelles structures d'accueil de demandeurs d'asile
Cette recherche consiste à identifier quelles sont les conditions favorables (ou non) à l’acceptation sociale lors de l’installation de nouvelles structures d’accueil pour demandeurs d’asile.
Contexte, enjeux humanitaires et sociaux et problématique
Face à l’augmentation du nombre de demandeurs d’asile, en 2015 le ministère de l’Intérieur a doublé le nombre de places d’accueil. Le déploiement du dispositif national d’accueil (DNA) s’est étendu dans les zones rurales et périurbaines afin de favoriser une meilleure répartition de l’accueil sur le territoire national. L’augmentation du nombre de places ainsi que la diversification de leur localisation, incluant des communes jusque-là éloignées de ces problématiques, ont suscité des réactions vives de la part des habitants.
Les réactions face à l’ouverture de nouvelles structures oscillent entre manifestations de solidarité et de rejet. Ces deux extrêmes très médiatisés font oublier qu’une part de la population se positionne peu face à ces questions. Il existe donc, entre ces deux pôles, une multitude d’opinions à envisager selon un continuum plutôt qu’au sein d’un clivage binaire. La question de l’acceptabilité des structures d’accueil est donc complexe. La littérature montre que les facteurs d’acceptabilité sont à la fois démographiques, historiques, sociaux, économiques, culturels et politiques.
À partir des recherches déjà effectuées, nous pouvons établir que les déterminants qui influent sur l’acceptation sociale d’un nouveau centre émanent de caractéristiques propres au territoire, d’autres liées au nouveau centre et au processus d’installation de celui-ci et enfin de facteurs individuels, qui contribuent à modeler les perceptions des habitants.
Il convient donc d’identifier quels sont ces caractéristiques et ces facteurs individuels. Cette recherche contribue ainsi à concevoir des outils mobilisables par les acteurs sociaux en vue d’améliorer l’acceptation sociale des nouvelles structures et de favoriser leur intégration dans les dynamiques locales.
Quels sont les déterminants de l’acceptabilité sociale des nouvelles structures d’accueil ?
Quels sont les leviers et les acteurs à mobiliser pour favoriser de bonnes conditions d’installation de ces structures ?
Terrain de recherche et méthode d’investigation
Afin d’identifier les déterminants territoriaux, institutionnels et individuels à l’œuvre lors de l’installation de nouvelles structures d’accueil de demandeurs d’asile, la méthodologie employée débute par une collecte de données sociodémographiques ainsi qu’une enquête quantitative auprès des structures existantes. Une étude de cas est ensuite réalisée en sélectionnant trois structures d’accueil. Elle repose sur des entretiens semi-directifs avec divers acteurs concernés, tels que les directeurs de centres, le personnel, les bénévoles, les autorités locales, les associations et des personnes résidant à proximité des centres. Sur la base des résultats empiriques obtenus grâce à cette ethnographie multi-située, une analyse de ces déterminants permet de mettre au jour des stratégies pour améliorer l’acceptabilité sociale des structures d’accueil.
Les intérêts scientifiques de la recherche et pour les acteurs humanitaires et sociaux
L’utilité de cette recherche pour les acteurs sociaux et humanitaires est multiple. Cette recherche vise à mieux comprendre les facteurs d’acceptabilité sociale des nouvelles structures d’accueil. En identifiant les obstacles et les leviers à l’acceptation des populations migrantes, les résultats permettent aux acteurs sociaux et humanitaires de concevoir des campagnes de communication plus percutantes et adaptées, réduisant ainsi les préjugés. Ils leur offrent également une base solide pour élaborer des interventions efficaces auprès des autorités locales et pour répondre aux appréhensions des habitants.
En somme, la recherche proposée offre des avantages significatifs aux acteurs sociaux et humanitaires en leur fournissant des outils et des connaissances nouvelles permettant d’améliorer l’accueil, l’intégration et la coexistence harmonieuse des demandeurs d’asile sur le territoire.
D’un point de vue scientifique, ce projet enrichit la littérature existante sur l’acceptabilité sociale en fournissant des données empiriques nouvelles. En explorant les perceptions et attitudes des communautés locales vis-à-vis des demandeurs d’asile, il contribue à mieux comprendre les dynamiques sociales et les mécanismes d’acceptation ou de rejet. Cette compréhension approfondie enrichit les recherches socio-anthropologiques liées à l’intégration et à la cohabitation multiculturelle.
En outre, le sujet de l’acceptabilité sociale des demandeurs d’asile est d’une importance cruciale dans le contexte actuel marqué par des flux migratoires intenses et des tensions sociales croissantes. Le projet répond à un besoin urgent de mieux comprendre comment favoriser la cohésion sociale et réduire les préjugés. En apportant des réponses fondées sur des données concrètes, la recherche contribue à une réflexion sur des solutions durables et efficaces face à ces défis contemporains.
Biographie
Isabelle Wilhelm est docteure en anthropologie. Dans le cadre de sa thèse, ses recherches ont porté sur les liens que d’anciens réfugiés – des exilés lao arrivés en France après 1975 – entretiennent avec leur pays d’origine sur le long terme. Cette thèse repose sur un terrain ethnographique multi-situé et une analyse des données recueillies à travers le prisme de l’anthropologie du don. Antérieurement à son parcours académique, elle a exercé la profession d’éducatrice spécialisée puis de juriste au sein de plusieurs centres d’accueil de demandeurs d’asile ainsi que dans un centre de rétention.