Gestion des risques et réponses aux catastrophes naturelles à Mayotte et La Réunion
Cette recherche vise à comprendre les perceptions et représentations des risques « d’origine naturelle » par différents groupes d’acteurs engagés dans la gestion de ces risques et les réponses apportées lors des catastrophes. L’objectif est de mettre en évidence les effets de ces perceptions sur les stratégies de réduction et de gestion des risques afin d’en améliorer l’efficacité.
Contexte, enjeux humanitaires et sociaux et problématique
Si les acteurs humanitaires et du développement reconnaissent que placer l’humain au centre est essentiel, les perceptions et représentations des risques, ainsi que leurs impacts sur leur gestion restent encore méconnus dans de nombreux contextes. Pourtant, comprendre et tenir compte de ces perceptions permettrait aux autorités locales et nationales et aux organisations de la société civile d’avoir une compréhension plus complète des risques, ainsi que des failles des stratégies de gestion des risques et des réponses d’urgence, et donc d’améliorer leurs communications et pratiques.
Cette recherche contribue à répondre à l’appel des acteurs du développement international et de l’humanitaire à placer les acteurs nationaux et locaux au centre des stratégies et des actions de développement, de gestion des risques et des réponses d’urgence.
Elle a trois objectifs principaux :
1) comprendre les perceptions des risques « d’origine naturelle » et leurs impacts ;
2) situer les résultats de ces observations dans le débat académique sur la gestion des risques, les territoires insulaires, et le système du développement international et de l’humanitaire ;
3) améliorer la gestion des risques et les réponses aux urgences en tirant des conclusions des données recueillies de nature théorique, mais aussi pour la future gestion des risques en pratique.
Comment les divers acteurs impliqués dans la gestion des risques « d’origine naturelle » perçoivent-ils ces risques, leur gestion, et la réponse aux catastrophes, et quels sont les impacts de ces perceptions sur la gestion des risques et les réponses aux urgences ?
Terrain de recherche et méthode d’investigation
Deux études de cas sont menées à Mayotte et à La Réunion, territoires ultramarins exposés aux risques sismo-volcaniques et climatiques. Des entretiens sont réalisés avec des acteurs clés de la gestion des risques issus du système étatique, des centres scientifiques, du secteur privé et des ONG, y compris des organisations de quartiers défavorisés. Les arguments sont formulés à partir des entrevues et de la littérature scientifique et grise, notamment les stratégies de gestion des risques et de réponse aux urgences des différents acteurs, ainsi que des rapports publiquement disponibles.
Les intérêts scientifiques de la recherche et pour les acteurs humanitaires et sociaux
Cette recherche peut être utile à une multitude d’acteurs impliqués dans la gestion des risques, à toutes les échelles, pour mieux collaborer et co-construire une vision holistique et multi-scalaire de la gestion des risques. Ces acteurs sont notamment les acteurs sociaux, associatifs et les autorités locales, le système étatique aux niveaux communal, départemental et national, les ONG, la Plateforme d’Intervention Régionale de l’Océan Indien (PIROI) de la Croix-Rouge Française. Plus largement, cette recherche informe les acteurs du développement international et de l’humanitaire sur l’importance ou non, la teneur et l’impact des perceptions des différents acteurs et leur permet d’ajuster leurs approches.
Cette recherche enrichit les études en gestion des risques en plaçant les acteurs et leurs perceptions au centre des réflexions. Cette approche peine cependant à être mise en œuvre et les obstacles doivent être étudiés en amont grâce à des études de cas au niveau local. De manière liée, ce projet contribue à enrichir les connaissances des impacts multidimensionnels et différenciés des risques sismo-volcaniques et climatiques. En particulier, l’accroissement des inégalités dans les territoires insulaires et l’inclusion des populations isolées et/ou pauvres demeurent des enjeux à approfondir. Des études sur les dynamiques complexes propres à chaque territoire sont nécessaires pour dépasser une vision dichotomique des îles en tant que paradis ou victimes du changement climatique. Au niveau géographique, cette recherche contribue au développement des connaissances sur les territoires ultramarins français, et plus largement sur les territoires insulaires de l’Océan Indien, particulièrement exposés aux risques « d’origine naturelle ». Ces risques accentuent plusieurs défis préexistants de nature économique, politique, sociale et migratoire dans la région.
Biographie
Morgane Rosier est titulaire d’un doctorat en développement international de l’École de développement international et mondialisation de l’Université d’Ottawa. Ses intérêts de recherche comprennent les politiques et pratiques de la coopération internationale, du développement et de l’action humanitaire et les enjeux liés au changement climatique, notamment dans les territoires insulaires. En février 2024, elle a défendu sa thèse qui a porté sur l’efficacité de l’aide au Vanuatu, un État insulaire du Pacifique Sud. Elle a récemment co-écrit et co-publié « COVID-19 vaccine apartheid and the failure of global cooperation » dans le British Journal of Politics.