Le projet de recherche

FORMES DE (RE)PRESENTATION DE SOI ET IMAGINAIRES VESIMENTAIRES : PRATIQUES ET EMPLOIS DU VETEMENT EN SITUATION DE PRECARITES.

Ce projet propose d’explorer la relation symbolique, affective et créative tissée autour du vêtement en considérant les relations combinatoires entre, d’un côté, les contraintes matérielles relatives au niveau de vie et, de l’autre, la portée symbolique des désirs et des goûts.

 

Les significations associées aux vêtements et leur rôle dans la représentation de soi

 

Le projet de recherche porte sur les formes de (re)présentation de soi et les imaginaires vestimentaires de personnes en situation de précarités. En s’inscrivant dans une réflexion sur la portée sociale, morale et politique de la consommation, il explore la relation symbolique, affective et créative tissée autour du vêtement dans l’objectif de mieux comprendre les articulations combinatoires entre, d’un côté, les contraintes matérielles relatives au niveau de vie et, de l’autre, la portée symbolique des désirs et des goûts. Par une attention portée sur les pratiques et les usages du vêtement en situation de précarités, le projet propose ainsi une analyse des pratiques de consommation dans une perspective d’économie morale et de valorisation. En effet, le projet s’attache à comprendre les formes et processus de (re)valorisation de soi qui peuvent naître des pratiques vestimentaires et de l’imaginaire qu’elles charrient. Il s’emploie également à découdre les régimes de valeurs, les univers de sens ainsi que les codes culturels associés aux vêtements, dans le pays d’origine et dans le contexte français d’installation. In fine, le projet de recherche entend rendre intelligible les agencements sociaux et moraux qui s’opèrent autour du vêtement et les ressorts signifiants de la pratique vestimentaire en situations de précarité.

 

Une expérience immersive pour appréhender les représentations de soi

 

En prenant garde à ne pas surestimer les capacités créatives ni surinterpréter la dimension symbolique, ce projet vise à complexifier la lecture des pratiques de consommation en dépassant la vision binaire opposant la nécessité à la liberté, le subi au voulu, le besoin au goût. Pour ce faire, il convient de s’intéresser non seulement au faire, mais surtout au dire, c’est-à-dire aux répertoires et régimes de valeurs dans lesquels les individus inscrivent leurs pratiques et leurs choix. Ainsi, le dispositif méthodologique employé relève de l’enquête ethnographique. Il s’agit d’une méthode de collecte de données qualitatives reposant sur l’observation participante, l’entretien informel et la discussion au sein de Vesti’boutiques. Dans ce même objectif, ont été mis en place et animé des ateliers (broderie et/ou filmique) en groupe restreint afin d’explorer les enjeux relatifs à la (re)présentation de soi, aux goûts et besoins, dans un cadre plus créatif. Ces moments d’atelier sont l’occasion de discuter de façon collective de la recherche et de ses enjeux afin de la faire avancer, autrement, collectivement. Parallèlement, des entretiens plus formels sont conduits avec quelques acteurs (travailleurs et usagers) que l’enquête ethnographique a permis d’identifier. Ces entretiens sont mobilisés pour revenir, dans un cadre plus intimiste, sur le parcours socio-professionnel et/ou migratoires et l’évocation des désirs et des (dé)goûts.

 

Biographie

 

Doctorante en anthropologie (IRIS-EHESS, IFPO, CNRS) et enseignante vacataire chez Académie Libanaise des Beaux-Arts, Emmanuelle Durand est actuellement en train de réaliser un court-métrage documentaire, « Bala seccar », sur le quotidien de deux migrants vendeurs de vêtements d’occasion à Beyrouth. Ses recherches se concentrent sur l’économie de la fripe, la production industrielle textile, les politiques migratoires au Liban et en France et l’exil syrien.