Le projet de recherche

Résilience des communautés face aux effets du changement climatique sur la santé (Cameron et Tchad)

L’objectif de cette recherche est de mettre en lumière, de diffuser et d’archiver de manière permanente les connaissances endogènes et les actions entreprises par un large éventail de communautés au sud du lac Tchad en réponse aux impacts du changement climatique sur leur santé.

Contexte humanitaire et sociale et problématique

L’Extrême-Nord du Cameroun et l’Ouest du Tchad, autour des fleuves Chari et Logone, sont régulièrement confrontés à des crises climatiques marquées par des événements extrêmes tels que des inondations et une sécheresse accrue. Les efforts déployés par les autorités pour élaborer des diagnostics sur le changement climatique et la gestion des risques et des catastrophes ont permis d’identifier quatre grands secteurs stratégiques vulnérables : l’agropastoralisme, les transports, l’énergie et le développement urbain. Cependant, les questions de santé communautaire liées aux impacts du changement climatique n’ont pas encore été étudiées en profondeur, bien qu’elles soient mentionnées dans les Plans Nationaux d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC). Ce décalage entre les solutions d’adaptation proposées et les besoins réels des communautés locales réduit parfois l’efficacité des réponses humanitaires aux catastrophes et aux risques sanitaires. Dans le même temps, le changement climatique exacerbe les conditions de vie des populations, les exposant directement ou indirectement à des risques sanitaires accrus. Dans ce contexte, cette recherche vise à relier les connaissances endogènes à l’impact du changement climatique sur la santé de la population dans une zone écologiquement fragile.

Les objectifs de cette recherche sont les suivants

  • Définir les modifications spatio-temporelles du cadre de vie induites par le changement climatique en relation avec la santé des populations ;
  • Identifier et caractériser les risques sanitaires liés au changement climatique dans la plaine du Logone ;
  • Analyser le rôle des différents acteurs (organisations internationales, autorités publiques et société civile) dans la gestion des risques sanitaires dans le contexte de la variabilité climatique ;
  • Identifier et caractériser les connaissances endogènes développées par les communautés pour faire face à l’impact du changement climatique sur leur santé ;
  • Proposer un modèle qui intègre des approches collaboratives et participatives à l’interface science-société pour mieux développer et mettre en œuvre des politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique.

Comment capitaliser sur les stratégies endogènes développées par les communautés pour renforcer leur résilience sanitaire face au changement climatique ?

 

Terrain de recherche et méthodologie

L’étude se déroule dans la plaine du Logone, une zone aride caractérisée par un climat sahélien à tendance semi-aride, située au sud du lac Tchad. Drainée par le fleuve Chari et son principal affluent, le fleuve Logone, la zone d’étude connaît chaque année des événements extrêmes (inondations lors des crues, sécheresse extrême, vagues de chaleur et tempêtes de poussière, etc.), exposant la population à des risques climatiques et hydrologiques. La méthodologie de recherche est basée sur des observations de terrain, des enquêtes et entretiens individuels, des focus groups, la cartographie participative, la télédétection et l’utilisation de données géospatiales et de paramètres environnementaux.

 

L’intérêt pour la recherche scientifique et pour les acteurs sociaux et humanitaires

Dans la pratique, les acteurs humanitaires doivent tenir compte des réalités locales et des contextes spécifiques. Les impacts du changement climatique sont variables dans l’espace, affectant les écosystèmes, les régions, les localités et les individus de différentes manières. Les résultats de cette recherche devraient donc contribuer à réduire l’écart persistant entre les solutions d’adaptation et les besoins et aspirations des communautés locales, qui compromet parfois l’efficacité des réponses humanitaires aux catastrophes ou aux risques sanitaires. Ce modèle permettra de réorienter efficacement les interventions humanitaires spécifiques et d’aller au-delà de la réponse, en utilisant les connaissances endogènes pour améliorer les systèmes de santé en amont dans les environnements fragiles.

Le champ scientifique de cette recherche vise à explorer la complexité des enjeux de l’adaptation au changement climatique, notamment en termes d’interactions entre la santé et l’environnement. Les savoirs endogènes, ancrés dans des contextes locaux et culturels spécifiques, sont le reflet d’une longue histoire d’interactions avec l’environnement naturel. Cette étude est unique en ce qu’elle déconstruit les perspectives conventionnelles sur les questions humanitaires et enrichit les recherches antérieures en établissant un lien fort entre la santé, le climat et l’environnement dans une approche résolument interdisciplinaire.

 

Biographie

Markus BAKAIRA est titulaire d’un doctorat en géographie de l’université de Ngaoundéré (Cameroun). Il est chercheur au Laboratoire de géomatique de cette même université et consultant auprès d’organisations internationales. Ses travaux portent principalement sur la gestion des risques et catastrophes naturelles et les défis humanitaires liés aux crises environnementales et aux changements climatiques dans les zones écologiquement fragiles du Cameroun et du Tchad. Il a participé à plusieurs grands programmes de recherche, notamment le PIAF (Programme interdisciplinaire sur les indicateurs indigènes de la faune et de la flore) de l’ANR-UMR-PRODIG France, mené au Cameroun, en France, aux États-Unis et au Zimbabwe. Il est membre de la Société camerounaise de géographie.