Le projet de recherche

S’engager dans les campements d’exilés : comprendre les pratiques de solidarité citoyenne

Le projet SOLIEXILE a pour objectif d’interroger les campements informels d’exilés comme espaces de mobilisation. Dans ces espaces, où se produisent des formes de politisation, d’engagement et de mobilisation spécifiques, différents acteurs se rencontrent et interagissent.

Contexte, enjeux et problématique

Cette recherche se propose d’ethnographier les rencontres et interactions entre acteurs, leurs discours et leurs pratiques, pour dégager les logiques sous-jacentes à leurs actions de (non) coopération au prisme de leur politisation.

Description du terrain de recherche, ses spécificités, difficultés propres

La recherche questionne le rôle des acteurs citoyens dans les initiatives de soutien dans les campements d’exilés, les activités mises en œuvre par ces acteurs et comment elles se coordonnent (ou pas) avec les activités d’autres acteurs présents dans ces espaces, les ressorts de l’engagement ainsi que le degré de politisation de ces acteurs citoyens. L’approche choisie est l’approche ethnographique, comprenant la réalisation d’une recherche qualitative auprès des différents acteurs impliqués dans les campements d’exilés sur deux terrains, la région lyonnaise et le nord-est parisien.

 

Selon vous, quelle est l’utilité de cette recherche pour les acteurs humanitaires et/ou sociaux ?

La première finalité pratique de cette recherche est de répondre aux besoins des acteurs participant au Dispositif d’Intervention en Campement Informel (DICI) de la Croix-Rouge française (CRf) en région lyonnaise. La collaboration avec les équipes de la CRf permet d’adapter la recherche aux besoins des bénévoles et salariés de l’association, pour une meilleure compréhension des logiques derrière chaque acteur présent afin d’améliorer l’articulation des différentes actions de soutien et de solidarité. Plus largement, ce projet contribue aux débats autour de la réflexivité des différents acteurs sociaux et humanitaires présents sur ces lieux de vie informels.

 

En quoi cette recherche est-elle importante pour vous, votre parcours et l’état des connaissances sur le sujet ? Quel est l’objectif et la portée scientifique de votre recherche ?

Au croisement de la sociologie des migrations et de la sociologie des mobilisations, cette recherche a parmi ses objectifs de visibiliser les acteurs citoyens engagés au sein des lieux de vie informels et de mieux comprendre leur place, leur rôle et leur engagement dans ces lieux. Cette recherche souhaite nourrir la réflexion sur les dynamiques de soutien aux populations vulnérables en contribuant au débat sur l’engagement et la professionnalisation de l’humanitaire. Ce faisant, elle contribue aux travaux portants sur les notions de militantisme, engagement, travail associatif et solidarité citoyenne. De plus, cette recherche entend contribuer à la littérature sur la politisation des acteurs de la solidarité dans les espaces des campements des exilés.

Cette recherche s’inscrit aussi dans le prolongement des travaux déjà soutenus par la Fondation de la Croix-Rouge française sur la thématique des campements d’exilés, notamment celui de Chiara Brocco sur l’accès au logement autonome des exilés vivants en lieux de vie informels et celui de Marjorie Gerbier-Aublanc sur les solidarités citoyennes dans les camps de Paris et Calais.

Cette recherche souhaite conjuguer la tâche analytique avec la nécessité de « garder une trace », de participer à la construction d’une mémoire collective « par le bas » et non pas une mémoire institutionnelle des solidarités citoyennes. Les témoignages des acteurs engagés contribuent à ce que Maria Chiara Rioli appelle l’« Archivio Mediterraneo » des migrations contemporaines. Dans l’histoire de la mobilité, nous rappelle-t-elle, « les archives contribuent à redonner de la profondeur a ce qui nous est présenté comme un éternel présent, en retraçant les connexions, inattendues et multiples, entre personnes, groupes, objets et en reconstituant histoires, existences, identités. ».

 

Biographie

Caterina Giusa est actuellement chercheuse postdoctorante au Labers – Université de Bretagne Occidentale et fellow de l’Institut Convergences Migrations. Docteure en sociologie de l’Université Sorbonne Paris Nord et chercheuse associée à l’IDPS, ses recherches se situent au croisement de la sociologie des migrations et de la sociologie des mobilisations collectives. Dans sa thèse elle a travaillé sur les parcours migratoires et les mobilisations des harraga tunisiens en Europe (Italie et France) ainsi que sur l’évolution des politiques migratoires en Tunisie. Elle est co-autrice du livre « Externalising Migration Governance through Civil Society : Tunisia as a Case Study » (2020, Palgrave, série « Mobility and Politics »).