Température extrême et santé mentale des mères et enfants au Nord du Sénégal
L’objectif est double : comprendre les relations entre l’exposition aux températures extrêmes et la santé mentale des mères et des enfants, et co-construire une action préventive avec les communautés locales.
Le changement climatique et la santé mentale sont deux crises mondiales entremêlées, touchant de manière disproportionnée les populations vulnérables, en particulier dans les communautés rurales du Sud, qui sont pourtant les moins responsables de la situation climatique. L’objectif de cette recherche est de comprendre les relations entre l’exposition aux températures extrêmes et la santé mentale des mères et des enfants dans une communauté rurale isolée au Sénégal, et de co-construire des actions préventives avec les communautés locales. Comment l’exposition aux températures extrêmes affecte-t-elle la santé mentale des mères et des enfants dans la région de Matam au Sénégal, et comment pouvons-nous co-construire des actions préventives avec les communautés locales pour atténuer ces impacts ?
Mon terrain de recherche se situe à Matam, une région du nord-est du Sénégal, confrontée à des défis majeurs en matière de climat et de santé. Cette région présente des températures extrêmes parmi les plus élevées du pays et a connu le plus grand nombre de décès pendant les vagues de chaleur au cours des dix dernières années. La population étudiée comprend principalement des femmes et des enfants, qui sont particulièrement vulnérables aux effets de ces températures. Les défis spécifiques comprennent l’accès limité aux ressources de santé mentale, les barrières linguistiques et culturelles, et les contraintes logistiques liées à la réalisation de recherches dans des zones rurales. Ma méthode implique une approche interdisciplinaire, combinant des outils des sciences sociales, de la santé publique, de la santé communautaire, et une étroite collaboration avec les communautés locales tout au long de la recherche-action. L’enjeu est de co-développer des connaissances qui soit actionnables en utilisant le transfert de connaissances et en impliquant toutes les parties prenantes aux échelles locales et régionales.
Cette recherche peut intéresser les acteurs humanitaires et sociaux car elle fournit des données empiriques sur les impacts des températures extrêmes sur la santé mentale dans les communautés vulnérables. Elle a l’ambition de permettre également de co-construire des actions préventives avec les communautés locales, ce qui est essentiel pour une intervention efficace et durable. Les résultats de cette recherche participative peuvent aider à informer et à orienter les interventions en matière de santé mentale et de changement climatique, en mettant l’accent sur les populations les plus vulnérables. De plus, son approche participative valorise les connaissances et les ressources locales, ce qui est crucial pour l’acceptation et le succès des interventions.
Ce projet revêt une importance cruciale pour moi car il se situe à l’intersection de mes intérêts académiques et personnels. En tant que chercheur avec une expertise en médecine et en sociologie, je suis passionné par l’étude des liens complexes entre le changement climatique et la santé mentale, et par l’exploration des moyens d’atténuer ces impacts en co-construisant avec les populations concernées. Ce travail s’inscrit dans la continuité de mon parcours, qui a toujours été axé sur l’exploration des défis de la santé mentale dans divers contextes et pays. De plus, il contribue à combler une lacune importante dans les connaissances actuelles. Alors que l’impact du changement climatique sur la santé physique est bien documenté, les effets sur la santé mentale, en particulier dans les contextes à faibles ressources, sont moins bien compris. Ce projet permettra d’apporter des preuves empiriques et de formuler des recommandations pour l’action, spécifiquement destinées aux mères et aux enfants. Enfin, sur un plan personnel, cette recherche sur le continent africain revêt une importance particulière. En effet, la question climatique est avant tout une question de justice sociale. Et j’appartiens à cette génération afropéenne qui s’engage sur les deux continents et qui place les enjeux de justice sociale, raciale et climatique au cœur de ses préoccupations.
La portée scientifique de cette recherche est significative car elle contribue non seulement à combler le fossé de connaissances actuelles sur cette question, particulièrement dans les pays du Sud, mais aussi à passer de la recherche à l’action en co-construisant des interventions basées sur le transfert de connaissances et en s’appuyant sur les ressources et les connaissances des communautés. L’enjeu est de pouvoir intégrer des recommandations et d’instaurer des actions à l’échelle nationale pour les communautés les plus affectées et vulnérables.
Biographie
Jean-Marc Goudet est sociologue et médecin de santé publique. Après avoir réalisé une thèse de sociologie qui étudie les troubles psychiques en milieu scolaire en France, il oriente ses recherches sur l’impact du changement climatique sur la santé mentale dans des régions du Sud global (Bangladesh, Sénégal). Ce dernier projet soutenu par la Fondation de la Croix Rouge explore l’impact des températures extrêmes sur les membres de communautés rurales isolées au Nord du Sénégal.