Voici les travaux de Joséphine Lemouogue, docteure en géographie, dans le cadre de notre série hebdomadaire des Papiers de la Fondation, articles rédigés par les chercheurs que la Fondation soutient, au terme de leur année de recherche. Les Papiers de la Fondation, articles scientifiques d’une vingtaine de pages, présentent les résultats de leurs travaux, sous la forme de working papers. Ils sont rédigés selon des critères académiques pour des publics spécialisés ou non, afin de mettre à la disposition de tous les acteurs les savoirs ainsi créés et permettre un large débat.

Les Papiers de la Fondation : diffuser la recherche et susciter le débat

« Panorama de quelques déterminants géographiques de la santé et de l’accès aux soins dans les sites de Ngam et Gado-Badzéré »

Joséphine LEMOUOGUE, docteure en géographie, Université de Dschang (Cameroun)

Résumé

L’objectif de cet article est d’identifier les principaux déterminants du sous-système socio-économique de la santé, qui impactent significativement cette dernière, ainsi que l’accès aux soins de santé des réfugiés centrafricains dans les sites de Ngam et Gado-Badzéré, respectivement situés dans les régions de l’Adamaoua et de l’est du Cameroun.

Le cadre conceptuel de l’étude est construit autour des concepts d’espace, de population, de santé, d’humanitaire et du développement. Les données de terrain et celles issues de l’exploitation des rapports de UNHCR inscrites dans ce cadre conceptuel ont été utilisées pour les analyses. Ces informations ont été collectées tour à tour via une enquête effectuée auprès de 398 ménages de réfugiés, des entretiens, des observations dans les sites étudiés, et des lectures. Il ressort des analyses que le taux de morbidité est de 38% dans les sites étudiés. Il est entretenu par les pathologies liées aux contextes environnemental et socio-économique des réfugiés. Ces mêmes contextes en plus de déterminer la santé des réfugiés, orientent leurs recours aux soins. Il met en exergue le large spectre des déterminants de la santé en général et surtout ceux en relation avec le sous-système socio-économique de santé. Il en ressort la stabilité de la diffusion de certaines pathologies, mais le taux de morbidité général reste élevé malgré les interventions et réalisations d’urgence des humanitaires, dans le domaine de la santé, ainsi que dans ceux qui lui sont connexes.

On note en effet un cadre de vie des réfugiés défavorable à leur santé et un risque d’insécurité alimentaire prégnant dans les sites. En outre, 12% seulement de réfugiés de Ngam et Gado-Badzéré ont pu développer leurs propres affaires tandis qu’une forte déperdition scolaire après le cycle primaire est également observée, alors que les ressources des humanitaires pour la prise en charge semblent diminuer. La majorité des réfugiés vit encore dans une pauvreté morale et matérielle qui impacte significativement leur santé. La politique de prise en charge actuelle portée à la fois par les ONG, l’État et les communautés est orientée vers l’autosatisfaction durable des besoins par les réfugiés.

Mots clés : santé, réfugiés, humanitaire, Cameroun, RCA

Crédit photo : ©Joséphine Lemouogue