Le projet de recherche

Facteurs Majeurs contrôlant les COnceptions du Risque (FAMACOR) : étude des conceptions liées aux risques naturels en Guadeloupe et des facteurs inhibant le développement d'une culture du risque

Cette étude permet d’apporter des éléments de réponse quant au niveau de connaissance et de préparation aux risques de la population guadeloupéenne, mais permettra aussi d’identifier les leviers d’actions ad-hoc pour la définition d’actions de prévention ciblées. En complément, FaMaCoR fournit un jeu de données novateur permettant d’étendre les résultats dans le temps, avec un impact sur les stratégies liées à la résilience, et à d’autres terrains d’action, dans la Caraïbe et au-delà.

 

Caractériser les conceptions liées aux risques naturels en Guadeloupe

 

Au sein des populations fortement soumises à des aléas, telles qu’aux Petites et Grandes Antilles, la perception des risques naturels et la compréhension des phénomènes géologiques qui les gouvernent reste très peu connue. Les rares études qui s’y sont intéressées laissent apparaître une faible culture du risque, préjudiciable à la bonne définition de politiques de mitigation et à leur efficacité. La déficience dans la préparation face à un aléa majeur est une des composantes de la définition du risque. Le projet FaMaCoR (Facteurs Majeurs contrôlant les Conceptions liées aux Risques) propose une étude de Géocognitions visant à identifier et comprendre les déterminants psychosociaux et socioculturels qui influent sur les comportements de prévention et de protection face aux risques « naturels », et sur l’appropriation d’une culture de risques pérenne de la population guadeloupéenne, et en particulier des enfants/jeunes. Cette caractérisation permet in fine de mieux cibler et définir des stratégies éducationnelles opérationnelles en matière de risques naturels afin de diminuer les lacunes actuellement constatées dans la préparation.

 

Des difficultés à implémenter une culture du risque

 

La Caraïbe est une des régions au monde les plus exposées aux risques de catastrophes naturelles. C’est le cas notamment des territoires français des Antilles. Ces dernières décennies la Guadeloupe a été affectée par des catastrophes naturelles majeures de différentes natures : séismes, inondations, ouragans, etc. Ces risques majeurs sont exacerbés par différents facteurs de vulnérabilité des populations et du territoire ainsi que par un processus de changement climatique qui influe sur la fréquence et l’intensité des aléas.

Au-delà de ce contexte socio-environnemental, il est notamment constaté que la culture du risque progresse difficilement au niveau des populations et la connaissance des risques est hétérogène, de même que celle des comportements appropriés en cas de catastrophe.

Face à ce constat, la PIRAC lance un projet de réduction des risques auprès de la population, le projet « Paré, pa Paré : tous préparés face aux risques naturels pour une Guadeloupe résiliente », qui vise le renforcement de la résilience de la population via le développement d’une culture de risque auprès des enfants, des jeunes et des adultes.

Une étude socio-anthropologique était nécessaire afin d’orienter de façon adéquate l’élaboration ou l’adaptation des messages, outils/supports ludo-pédagogiques et activités de sensibilisation qui seront proposés aux différents publics visés par le projet afin que ces derniers assimilent une culture du risque pérenne et adoptent de nouveaux comportements de prévention et de protection aux risques de catastrophes naturelles.

 

Une identification des conceptions du risque nécessaire à la prévention de nouvelles catastrophes

 

La Guadeloupe n’a pas subi récemment de catastrophe majeure, et se trouve de ce fait dans une situation comparable à celle de Saint Martin avant Irma (habituation à des cyclones peu destructeurs) ou Haïti avant le séisme de 2010 (défaut de considération du risque sismique bien qu’avéré et connu). D’un point de vue purement scientifique, il apparaît donc essentiel de faire un important travail d’étude des conceptions maintenant, afin aussi de pouvoir disposer d’éléments de comparaison, soit avec d’autre territoires comparables ayant subi un évènement destructeur récemment, soit, plus tard, si la Guadeloupe était à son tour affectée par un risque majeur. La communauté scientifique disposerait alors d’un cas d’étude bien documenté pour étudier la résilience post-catastrophe aux Caraïbes et l’impact des mesures de mitigation de la vulnérabilité.

 

Biographie

 

Yves Mazabraud est sismologue, spécialiste des aléas telluriques, en particulier aux Petites et Grandes Antilles. Il a travaillé à la qualification et la quantification de l’aléa et du risque en France métropolitaine et a aussi étudié la sismicité de Taïwan. Par ailleurs, aux Antilles, depuis 2001, il a surtout travaillé en République Dominicaine et à Haïti, où il a déployé le premier réseau sismologique de l’histoire du pays, immédiatement après la catastrophe de 2010.