Configurations et dynamiques de l'aide humanitaire dans les zones d'inondations de la vallée du fleuve Niger au Nord-Bénin
Comprendre les dynamiques de l’aide humanitaire dans les zones inondées de l’extrême-nord Bénin
Georges DJOHY questionne ici les limites des actions menées par le gouvernement béninois et ses partenaires (agences de développement, ONG) pour aider les populations confrontées aux inondations survenues dans la zone agro-écologique de l’extrême Nord-Bénin (ZAE1). Malgré les nombreux projets et ressources déployés, la situation s’aggrave, laissant une part croissante de la population locale dans la marginalité et la pauvreté. Quels sont les facteurs socio-économiques, politiques et culturels, et les jeux de pouvoir entre les différents acteurs impliqués, permettant de comprendre la spécificité de la configuration de l’espace humanitaire dans la ZAE1 et les dynamiques qui en découlent ?
Un territoire rural confronté aux risques climatiques
La recherche a été conduite dans la Zone Agro-Ecologique de l’Extrême Nord-Bénin (ZAE1), principal foyer des inondations au Bénin. La ZAE1 s’étend sur une superficie d’environ 9.057 Km2, occupée par environ 234.994 habitants, dont 50% de femmes, répartis dans 32.240 ménages, à 67% agricoles. L’agriculture est la principale activité socio-économique du milieu, avec des systèmes de cultures basés sur le coton (culture de rente) et les vivriers (maïs, mil, sorgho et riz). L’élevage est la deuxième activité socio-économique des ménages de la ZAE1, avec la pratique de la transhumance comme mode principal d’accès au pâturage et aux ressources en eau, soutenue par la complémentation alimentaire et minérale en saison aride. La ZAE1 est une convergence de risques et d’incertitudes, dont les inondations, au premier plan, sont suivies par les sécheresses, les vents violents, les incendies et les conflits agriculteurs-éleveurs.
Interroger les pratiques et perceptions des acteurs vis-à-vis de l’aide humanitaire
Cette étude vise globalement à analyser la spécificité structurelle et fonctionnelle de l’aide humanitaire dans la ZAE1 au Nord du Bénin. De façon plus spécifique, il a été question de : (1) analyser la forme et l’organisation de l’action humanitaire dans la ZAE1 ; et (2) analyser les perceptions, stratégies et jeux des acteurs impliqués dans l’action humanitaire, en lien avec les dynamiques politiques, économiques, sociales et culturelles aux niveaux local et national.
La localisation de l’aide humanitaire
Cette recherche facilite une meilleure compréhension des dynamiques locales à prendre en compte pour la réussite de la transition humanitaire et la localisation de l’aide. Les résultats inspireront les acteurs humanitaires sur les décisions et outils les plus adaptés aux contextes locaux pour renforcer l’efficacité de l’aide.
Biographie
Georges Djohy est socio-anthropologue. Il a étudié l’économie et la sociologie rurales à l’Université de Parakou (Bénin) et est titulaire d’un doctorat en anthropologie sociale de l’Université de Göttingen (Allemagne). Depuis 2008, il participe à des recherches sur les systèmes (agro)pastoraux peuls, avec un accent sur les changements environnementaux et socio-technologiques. Il s’intéresse à plusieurs thématiques, notamment le changement climatique, l’aide humanitaire, le genre et l’inclusion sociale, l’utilisation durable des terres, l’innovation locale et l’action collective des associations (agro)-pastorales; et a (co)-publié de nombreux articles et contribué à des ouvrages collectifs.
Galerie photo : © Georges Djohy