Prix honorifique 2021 pour son parcours en médecine sociale et en anthropologie consacré à la lutte contre les épidémies et à l’accès aux traitements
Docteur en médecine et en anthropologie, il a soutenu en 2001 une thèse intitulée « Épidémies, interzones et changement bio social : rétrovirus et biologies de la mondialisation en Afrique de l’Ouest » dirigée par Margaret Lock. Vinh Kim a construit sa carrière entre le monde universitaire et la profession de médecin traitant. Dès 2013 Vinh Kim est professeur au département de médecine sociale et préventive à l’Université de Montréal. Entre 2013 et 2015 il était enseignant chercheur au Department d’Anthropologie à l’Universiteit van Amsterdam. Actuellement, Vinh Kim Nguyen est professeur au Département d’anthropologie et de sociologie du développement à I’Institut de hautes études internationales et du développement, professeur à l’École de santé publique et à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, titulaire d’une chaire de recherche au Collège d’études mondiales (Paris) et professeur invité au Département des sciences sociales, de la santé et de la médecine du King’s College.
Le travail de Vinh Kim Nguyen a marqué la discipline anthropologique par son inventivité théorique. Dans la continuité des travaux de Michel Foucault, il a proposé plusieurs notions pour rendre compte des formes inédites prises par la biopolitique dans un contexte de globalisation, de crise de l’État-providence et de choc épidémiologique. Il a ainsi proposé de lire à travers l’histoire des interventions médicales internationales en Afrique l’émergence d’une forme inédite d’exercice du pouvoir politique : la souveraineté thérapeutique, fondée à la fois sur une logique de tri (pour déterminer les malades à soigner en situation de pénurie) et d’exception (l’urgence épidémiologique justifiant le contournement des souverainetés nationales et des droits qu’elles garantissaient). L’originalité de son approche réside également dans un engagement critique avec les sciences biomédicales, permettant d’intégrer la biologie et l’épidémiologie moléculaire comme outils pour comprendre les transformations biosociales du monde contemporain et renouveler le cadre théorique de l’anthropologie de la globalisation. En 2007, il a reçu le prix Aurore du Conseil Canadien de la Recherche en Sciences Humaines.
La Fondation de la Croix Rouge Française a décidé d’attribuer le prix Honorifique à Vinh Kim Nguyen pour l’ensemble de sa carrière et de son parcours de recherche consacrés à l’anthropologie des épidémies et des interventions médicales humanitaires. Ses travaux se distinguent par leurs originalités et leurs qualités. Son travail académique se combine à un engagement pour les droits et l’accès aux traitements des personnes vivant avec le VIH au Nord et au Sud.
Publications récentes
Lock, M., and V.K. Nguyen. An Anthropology of Biomedicine. Wiley-Blackwell, 2011.
Nguyen, V.K. “Antiretroviral Globalism, Biopolitics, and Therapeutic Citizenship.” In Global Assemblages, edited by Aihwa Ong and Stephen J. Collier, 124–44. Blackwell Publishing Ltd, 2008.
Nguyen, V.K., C.Y. Ako, P. Niamba, A. Sylla, and I. Tiendrébéogo. “Adherence as Therapeutic Citizenship: Impact of the History of Access to Antiretroviral Drugs on Adherence to Treatment.” AIDS 21 (2007): S31–S35.
Nguyen, V.K., N. Bajos, F. Dubois-Arber, J. O’Malley, and C.M. Pirkle. “Remedicalizing an Epidemic: From HIV Treatment as Prevention to HIV Treatment Is Prevention.” AIDS 25, no. 3 (2011): 291.
Nguyen, V.K. “Government-by-Exception: Enrolment and Experimentality in Mass HIV Treatment Programmes in Africa.” Social Theory & Health 7, no. 3 (2009): 196–217.
Nguyen, V.K. “Uses and Pleasures: Sexual Modernity, HIV/AIDS, and Confessional Technologies in a West African Metropolis.” Sex in Development: Science, Sexuality, and Morality in Global Perspective, 2005,245–68.
Les Prix de recherche de la Fondation Croix-Rouge française ont pour objectif de valoriser des travaux scientifiques déjà aboutis ou des axes de réflexion novateurs consacrés à des problématiques humanitaires et sociales, au Nord comme au Sud. Ouverts à toutes les disciplines des sciences humaines et sociales et à toutes les nationalités, ils récompensent l’excellence scientifique et l’engagement humain, promeuvent la connaissance scientifique, la réflexion éthique et l’innovation sociale pour faire avancer l’action au service des plus vulnérables.