Les recherches accompagnées par la Fondation Croix-Rouge française ont vocation à apporter une véritable valeur ajoutée à ceux qui viennent quotidiennement en aide aux plus fragiles. Mais analyser un problème, comprendre un contexte, poser un diagnostic et même imaginer des solutions ne sert à rien si les principaux intéressés, les opérationnels, ne se saisissent pas de ces outils. La Fondation s’est engagée dans plusieurs initiatives afin de faciliter la diffusion de ses recherches et augmenter leur impact sur le terrain.

Bénévo’Lab, partir des questions qui se posent sur le terrain

Emblématique de la volonté de mettre la recherche au service des opérationnels, le programme Bénévo’Lab permet à des salariés ou des bénévoles de la Croix-Rouge confrontés à des difficultés ou désireux d’explorer de nouveaux chemins, de solliciter l’aide d’un chercheur. Charge aux équipes de la Fondation de transformer le problème concret rencontré sur le terrain en question scientifique. Ainsi une bénévole de Montauban envisageait-elle de monter un projet de Beauty Truck[1]. Cette idée a donné lieu à l’appel à projets intitulé Médiation psycho-corporelle via la socio-esthétique auprès des sans-abri. Autre exemple, une salariée du Rhône se désolait que certaines familles hébergées dans des campements informels refusent des propositions de relogement. Son interrogation s’est transformée en une recherche, aujourd’hui menée par l’anthropologue Chiara Brocco, qui porte sur les « facteurs d’acceptation des solutions de mise à l’abri et l’accompagnement vers le logement autonome ». 

Aller plus loin dans la construction commune de solutions tangibles

Dans le cadre de Bénévo’Lab, les bénévoles et salariés à l’origine des recherches échangent avec les chercheurs pendant leurs travaux, assistent aux restitutions et contribuent à diffuser les observations et les conclusions des études. La Fondation souhaite étendre cette logique de co-construction de solutions à d’autres recherches : d’abord en organisant des ateliers où chercheurs et opérationnels se saisissent ensemble des travaux réalisés pour réfléchir à leur opérationnalité ; ensuite, en mettant sur pied un dispositif de suivi du changement. L’objectif est de passer du stade des résultats scientifiques et des recommandations à celui des solutions tangibles applicables sur le terrain. Le projet pilote se déroule au Sahel et donne déjà lieu à une coopération prometteuse entre Aïssa Diarra, médecin et chercheure en anthropologie, et Sophie Caussanel, coordinatrice du programme PROGRESS[2] de la Croix-Rouge française.

Adapter les publications et les évènements pour les acteurs de terrain

Ces projets ambitieux permettent de créer de véritables passerelles entre les mondes académique et opérationnel. Mais, même en dehors de ces dispositifs novateurs, la Fondation travaille en permanence à rendre les nouvelles connaissances produites accessibles à ceux qui peuvent en faire le meilleur usage. C’est clairement l’objectif de Pratiques et Humanités une nouvelle publication de la Fondation qui, sur quatre pages et dans un style synthétique, extrait l’essentiel de chaque nouvelle recherche afin que les acteurs de terrain puissent facilement y trouver des réponses. De même, la fin des restrictions dues à la pandémie de Covid-19 signe le retour des évènements, rencontres et séminaires. Prochain rendez-vous : les Rencontres de la Fondation en octobre 2022, avec pour thème cette année « Action humanitaire et lien social : (re)lier pour mieux agir ». Six chercheurs y présenteront les conclusions de leurs travaux, avant de confronter leurs analyses aux expériences des professionnels dans des tables rondes qui s’annoncent passionnantes. Avec toujours un même objectif : mettre la recherche en débat pour faire avancer l’action au profit des plus vulnérables.


[1] Dispositif mobile destiné à proposer des soins esthétiques pieds, mains et visage aux sans-abris

[2] PROGRESS = Programme Régional Genre Santé Sahel.

Crédit photo du haut : @Christophe Hargoues