Le projet de recherche

Communication, éducation, comportements dans la lutte contre la peste à Madagascar

La peste est présente à Madagascar depuis 1898, sans aller jusqu’au stade de l’épidémie pendant plusieurs années. Malgré une campagne de sensibilisation, pourquoi cette étape a-t-elle été franchie en 2017 ?

 

Comprendre les campagnes de sensibilisation contre la peste à Madagascar

L’objectif de la recherche est de mesurer les effets de la sensibilisation dans la lutte contre la peste à Madagascar. La question qui se pose est alors la suivante : dans quelle mesure les contextes socio-économique, environnemental, institutionnel et culturel ont-ils influé sur la réussite de la sensibilisation dans la lutte contre la peste à Madagascar pendant l’épidémie de 2017 ?

 

Enquêter à Antananarivo et Toamasina, zones les plus touchées par la peste en 2017

Pays caractérisé par sa situation de pauvreté extrême, Madagascar, la Grande Île de l’Océan Indien, a connu en 2017, une épidémie de peste sans précédent. Dans ce contexte, il faut alors se demander pourquoi cette étape a été franchie et quels sont les facteurs qui ont accéléré le processus. La gestion de la crise épidémique de peste en 2017 à Madagascar a soulevé de nombreux débats. Il est alors important de cibler les failles du système et les raisons pour lesquelles la maladie perdure depuis des décennies, à la même époque, sur la Grande Île. Ces raisons sont socio-économiques, culturelles, institutionnelles et environnementales. Mais avant tout, c’est la population malgache qui se situe au cœur de la problématique de la peste, une population vulnérable, qui, malgré son optimisme, trop préoccupée par des questions quotidiennes de survie, n’a pas nécessairement conscience des risques associés à la maladie.

 

Initier le travail de sensibilisation dès l’école

Cette recherche a permis de comprendre que l’action doit essentiellement se concentrer sur les sphères éducative et culturelle pour permettre de révolutionner les mentalités et ce, à long terme. Par ailleurs, il faudrait développer davantage la communication de groupe, plutôt qu’utiliser la communication de masse car, cette dernière apporte certes, des connaissances à la population, mais ne lui donne pas le souffle nécessaire pour concrétiser les comportements positifs présentés dans cette communication. La sensibilisation doit commencer dès le plus jeune âge pour que les bonnes habitudes soient intégrées au comportement. Les enseignants doivent eux aussi être formés pour pouvoir transmettre ces bonnes pratiques et donner l’exemple. La sensibilisation doit être marquante, choquante voire traumatisante pour que la population ait conscience du risque et se décide enfin à agir. La culture pourrait constituer un outil vers le changement, tout comme l’éducation. Il faudrait ainsi promouvoir une culture de la propreté et du respect de soi, d’autrui et de l’environnement.

 

Analyser la sensibilisation au risque épidémique à travers l’exemple de la peste

L’épidémie de peste de 2017 a montré que les problématiques de santé étaient aussi associées à des enjeux environnementaux à travers la gestion des déchets, et à des enjeux socio-économiques et culturels. Il apparaît par ailleurs que l’analyse des effets de la sensibilisation fait défaut. C’est la raison pour laquelle le projet aborde la question de l’efficacité de la sensibilisation dans la lutte contre la peste à Madagascar via les axes socio-économiques, culturels et environnementaux.

Les enjeux associés aux épidémies sont aujourd’hui au cœur de l’actualité avec la crise du Covid-19. La recherche menée se focalise avant tout sur la peste. Toutefois, l’analyse des comportements individuels en situation de crise épidémique de manière plus générale, fait maintenant partie des priorités des chercheurs, suite à la pandémie.

Très souvent, les études effectuées sur la peste se focalisent uniquement sur la maladie, l’accès aux soins, ou encore l’évolution du nombre de cas. Cette recherche s’est plutôt focalisée sur d’autres facteurs comme la sensibilisation et les contextes socio-économique, culturel, environnemental et institutionnel, pris comme un tout, comme plusieurs branches devant fonctionner en interaction et qui sont indissociables

 

© Alexandra Razafindrabe

 

Biographie

Titulaire d’un Doctorat en Economie (Université de La Réunion), avec une thèse soutenue en 2015 et aujourd’hui chercheure rattachée au Centre d’Economie et d’Ethique pour l’Environnement et le Développement – Madagascar (C3ED-M), Alexandra Razafindrabe a orienté ses recherches sur les problématiques liées à l’environnement et au développement à Madagascar. Elle est aussi auteure de romans et d’un recueil de nouvelles (Nouvelles de Madagascar (Editions Magellan & Cie, 2010), et lauréate de prix littéraires (« Jeune Plume » du Concours International de la Nouvelle George Sand 2013, Prix Alain Decaux de la Francophonie 2009). Elle a mené en 2019 une recherche avec la Fondation Croix-Rouge, intitulée « Communication, éducation, comportements dans la lutte contre la peste à Madagascar » et soutenue par AXA Research Fund.