Camps - Migrants - Réfugiés
Ces dernières années, la crise européenne des politiques migratoires a produit et rendu visibles les camps de migrants. Des travaux récents pointent le renouvellement et l’ampleur des solidarités citoyennes dans ces camps mais peu d’études en analysent la mise en œuvre pratique. Afin d’alimenter la compréhension de ce phénomène, cette recherche met en perspective deux initiatives citoyennes nées depuis 2015 : l’association Espoir et le collectif Ensemble.
Les résultats s’appuient sur la reconstitution de séquences d’observation et des trajectoires de vingt bénévoles-soutiens articulée à l’analyse thématique des entretiens menés auprès des coordinateurs. Portées par des « citoyens ordinaires », peu connectés à la vie publique auparavant, ces initiatives se situent aux interstices de l’action humanitaire spécialisée et de l’(in)action publique. Les citoyens improvisent au quotidien des réponses aux besoins primaires non satisfaits des migrants à partir d’un bricolage organisationnel reposant sur la flexibilité de l’engagement et un recours intense aux réseaux sociaux. La reconnaissance des migrants comme sujets de leur existence détenant des capacités d’agir soutient l’éthique de cette improvisation. Cependant, les initiatives citoyennes comportent des limites qui interrogent leur pérennité et, plus globalement, le transfert de l’action publique sur des citoyens ordinaires ainsi que les réalités de l’intervention des grandes ONG humanitaires.
Crédit photo : Marjorie Gerbier-Aublanc