Le projet de recherche

Les activités physiques et sportives comme moyen de lutte contre l'isolement social des jeunes sans-abris

Si l’intégration par le sport a parfois été démontrée scientifiquement et dans certaines circonstances, qu’en est-il des effets intégrateurs du sport et des APS auprès des jeunes sans-abris ? Et quelles en sont les conditions ?

 

Un dispositif au service des jeunes les plus démunis

L’objectif premier est ici d’étudier l’application d’une politique publique territoriale qui propose la mise en place de créneaux d’activités physiques et sportives dans un dispositif de réinsertion sociale déjà existant pour une population en situation de grande vulnérabilité : les jeunes sans-abris. Si l’objectif du dispositif est la recherche de l’être, du mieux-être voire du bien-être pour favoriser la réinsertion de cette population allant jusqu’à la recherche d’emploi, celui de l’étude réside plutôt dans l’analyse du dispositif mis en place : renseigner les effets intégrateurs et les ressorts d’un dispositif collaboratif véritablement socio-sportif. En d’autres termes, le dispositif mis en place, en partenariat avec des associations du secteur médico-social, profite-t-il effectivement aux jeunes les plus démunis et à quelles conditions ?

 

Gagner la confiance des jeunes sans abris

Cette recherche s’appuie principalement sur une enquête par observations et entretiens biographiques aux endroits où se trouvent les jeunes sans-abris. Il s’agit donc de la fréquentation des associations d’accueil de jeunes sans-abris. Deux associations ont été identifiées : l’association d’aide aux sans-abris (ASA) qui est un centre d’accueil de jour et le 4AJ qui est un centre d’hébergement et de réinsertion sociale. L’une des spécificités qui se révèlera éventuellement être une difficulté est le fait que les personnes fréquentent ces structures, surtout l’accueil de jour, de façon irrégulière : certains ne sont que de passage pendant que d’autres fréquentent ce lieu depuis quelques années. Autre difficulté envisagée, l’approche de ces personnes pour les entretiens biographiques. Cela nécessitera d’abord, une présence prolongée du chercheur sur le terrain pour « gagner » une certaine confiance de leur part.

 

Comprendre les ressorts de l’insertion

Cette recherche s’avère utile pour évaluer le dispositif et les effets qu’il procure : améliorer le service, les pratiques et la qualité de vie des personnes. Il faut donc comprendre ce qui, dans le dispositif, fonctionne, fonctionne moins et ne fonctionne pas afin de l’ajuster pour le pérenniser. Il s’agit, pour les acteurs sociaux, pour les porteurs du projet, de tester leur stratégie de prise en charge des publics précaires dont les jeunes et de vérifier de son efficacité. Si le projet s’avère efficace, il pourra être élargi à de nouveaux territoires et/ou encore de nouveaux publics tels que les réfugiés ou encore les femmes ayant été victimes de violences. Aussi, le fait de retracer la carrière des jeunes sans abris participant ou non au dispositif permettra en premier lieu de produire des connaissances sur ce qui les a amenés à connaître cette situation. En connaissance de cause, il serait peut-être possible, lors des nombreuses interventions des éducateurs sportifs auprès de différentes populations, de repérer les jeunes « à risques ».

 

Biographie

Après avoir obtenu un Master STAPS en Management et gestions des organisations sportives et de loisirs, Julie Duflos a entrepris une thèse de doctorat, sous la direction de Williams Nuytens et Oumaya Hidri Neys, à l’université d’Artois qu’elle a soutenue en novembre 2021. Si ses travaux de recherche doctorale ont porté sur la persistance des discriminations à l’embauche selon l’apparence physique ; aujourd’hui ses recherches sont davantage orientées vers l’étude des effets des activités physiques et sportives chez les personnes en situation de grande vulnérabilité.