Les aides au logement et à l'abri de l'Humanitaire International : le cas des locataires-réfugiés syriens dans la localité de Bar Elias au Liban
L’étude vise à apporter une évaluation des modalités d’accueil des réfugiés syriens au Liban et à fournir des orientations claires sur les limites et les effets des interventions humanitaires en termes de logement/abri au Liban sur cette population et la possibilité et les moyens de contourner ces difficultés.
Penser le système d’accueil des réfugiés syriens au Liban
Cette étude cherche à comprendre la conception et les modalités de mise en place des politiques et des actions d’aide au logement et à l’abri de l’humanitaire international dans le cas de l’accueil des réfugiés syriens au Liban. Partant du cas du paiement (total ou partiel) par le secteur humanitaire des loyers de logements occupés par des réfugiés syriens et pendant une durée déterminée, il s’agit d’examiner les effets de cette approche d’accès au logement à différents niveaux : au niveau du secteur privé, sur la dynamisation du secteur locatif local et la perception des propriétaires des logements loués ; au niveau du secteur public et la place des acteurs locaux dans la mise en œuvre et le suivi de ces projets et au niveau de la population réfugiée ciblée et l’adéquation de l’aide avec le besoin des réfugiés. L’étude cherche ainsi à mettre en évidence les décalages qui s’opèrent entre les politiques d’aides humanitaires de courtes vues et les réalités sociologiques des réfugiés, et des acteurs et du contexte local, soulignant les limites de l’intervention humanitaire contemporaine dans un contexte mondial d’exil prolongé.
S’adapter à un terrain sensible
L’étude questionne le choix du modèle d’assistance humanitaire au logement mise en œuvre dans le contexte de la crise syrienne au Liban et son impact sur le marché locatif local. Elle se centre sur un terrain d’étude principal, celui de la localité de Bar Elias dans la région de la Békaa. Les acteurs concernés par ce travail sont : les membres de la municipalité de Bar Elias, des locataires syriens, des propriétaires des biens immobiliers et des membres de la communauté de l’humanitaire locale et international concernés par la question des aides au logement des réfugiés syriens. Ce travail est complété par des données sur l’impact de la présence syrienne dans le camp palestinien de Bourj El-Barajneh sur le marché locatif du camp, recueillies dans le cadre de la recherche doctorale en 2017. Consciente de la complexité de travailler sur un terrain sensible, de la variabilité des données et de leur disponibilité, nous avons opté pour une méthode mixte nous permettant de s’adapter aux réalités du terrain. L’étude se base ainsi sur une méthode mixte s’inscrivant à la fois dans une approche qualitative (entretiens non directifs et semi directifs) et une approche quantitative (questionnaire).
Le travail de terrain a eu lieu entre novembre 2020 et janvier 2021. Au total, dix-sept entretiens ont été réalisés auprès du personnel des organisations / agences humanitaires et onze entretiens ont été effectués auprès des autorités libanaises. Deux questionnaires se sont adressés à des ménages syriens bénéficiaires du programme en 2018 et 2019 dont le contrat a expiré ou expire dans les semaines à venir. Ces questionnaires ont permis d’obtenir des données chiffrées sur le programme et de comprendre la situation résidentielle des ménages. A cause de la situation sanitaire, les entretiens prévus avec des propriétaires des appartements ont été remplacés par un questionnaire aux questions ouvertes et fermées, établi auprès de 28 propriétaires de Bar Elias, anciens ou actuels bénéficiaires du programme.
Biographie
Architecte et urbaniste, Nicole Tabet a soutenu une thèse en géographie et aménagement au sein du laboratoire Territoires, Villes, Environnement et Société de l’Université Lille 1. Ses travaux de recherche portent sur la dialectique de l’exclusion(s) et de l’inclusion(s) des camps de réfugiés dans les villes d’accueil et plus spécifiquement les camps palestiniens des villes libanaises. Elle a également été post-doctorante à l’Escuela Técnica Superior de Arquitectura de l’Universidad Politécnica de Valencia (Espagne).