Le projet de recherche

Participation communautaire - conflits - paix

Les dynamiques désignées comme « participatives » ou à « base communautaire » sont en vogue dans l’industrie du développement. Néanmoins, s’agit-il d’une simple figure de style exigée par les bailleurs de fonds, d’un mécanisme d’instrumentalisation des populations, ou bien d’un véritable processus de redistribution des pouvoirs ?

La construction de la paix, ou peacebuilding, postule que les mécanismes traditionnels de gestion de conflits, impliquant exclusivement les représentants des parties belligérantes, ne seraient plus suffisants. Les nouvelles manières de « faire la paix » prônent la participation des populations. Mais l’implication des populations s’est surtout traduite par l’implication des ONG. C’est à celles-ci que les bailleurs ont délégué la responsabilité « d’organiser la participation » des populations. En Casamance, comme dans d’autres contextes post-conflit, l’une des stratégies les plus prisées pour assurer cette participation, repose sur la mise en place de comités de paix : un groupe de personnes est désigné afin de prévenir et gérer les disputes qui surviennent au niveau des villages. En toile de fond : l’idée que le cumul des petits conflits pourrait à nouveau alimenter le grand conflit indépendantiste.

Souvent présentés comme un mécanisme d’intervention original et populaire, les comités sont plutôt le fruit de la standardisation des stratégies destinées à la construction de la paix. La nécessité de construire l’intervention depuis le bas est systématiquement prescrite depuis le haut, depuis l’extérieur. Cette extériorité pose systématiquement la question de l’appropriation de ces mécanismes par les populations.

Depuis une quinzaine d’années en Casamance, le peacebuilding a bénéficié de l’engouement des bailleurs, donnant lieu à la mercantilisation et à la massification des actions de paix. Comme l’atteste la prolifération de comités de paix, les interventions ne sont pas tant jugées à l’aune de leurs résultats, sur la base des bénéfices qu’elles assurent apporter. Elles sont valorisées et répliquées en fonction de leur valeur compétitive sur le marché du développement.