Le 13 novembre 2024, la Fondation Croix-Rouge française a tenu à l’École des Mines de Paris sa journée scientifique annuelle, Les Rencontres de la Fondation. Cet événement, placé sous le thème « Savoir(s)-faire face », a rassemblé chercheurs et praticiens autour des défis contemporains de l’action humanitaire et sociale.

Dans son discours inaugural, Frédéric Kletz, enseignant-chercheur à MINES ParisTech, a insisté sur l’importance de « faire de la science avec et pour la société », mettant en lumière la nécessité d’un dialogue étroit entre recherche académique et pratiques de terrain. Ses propos ont trouvé un écho dans les interventions de Foued Nasri, chercheur associé au Centre Max Weber, et Elliot Raktomanana, anthropologue à l’Institut Pasteur de Madagascar, qui ont renforcé cette vision en soulignant les responsabilités conjointes des scientifiques et des acteurs humanitaires. L’événement s’est ensuite articulé autour de trois enjeux majeurs.

Thème 1 : « La complexité de l’accompagnement des personnes en situation d’exil » 

Les intervenants ont analysé les effets des politiques migratoires de plus en plus restrictives, ainsi que la diversité des parcours d’exil, qui génèrent des situations de vulnérabilité souvent inédites. Ayoko Akouavi Justine Dogbe Foli, docteure en psychologie du développement, a présenté ses recherches sur le rôle des mineurs non accompagnés dans la construction de leur propre trajectoire. La discussion, modérée par Camille Schmoll, géographe et directrice de recherche à l’EHESS, a permis de croiser les regards entre chercheurs et praticiens. Hermann Gnanga Loua, conseiller en immigration pour la Croix-Rouge française, et Bérangère Lucotte, coordinatrice d’un dispositif mobile de soutien aux personnes exilées, ont partagé leurs expériences pour illustrer la nécessité d’une approche plus adaptée et individualisée.

De g. à d., Bérangère Lucotte, Ayoko Akouavi Justine Dogbe Foli et Camille Schmoll
Thème 2 : « Les ressorts de la résilience des populations face aux catastrophes et conséquences des changements climatiques »

Dans un contexte marqué par la multiplication des crises environnementales, cette session a mis en lumière les stratégies locales permettant aux populations de s’adapter et de reconstruire leur quotidien. Dima El Khouri, docteure en géographie, a présenté ses travaux sur la perception des risques et la cohésion sociale au Liban, tandis que Cheikh Faye, enseignant-chercheur au Sénégal, a exploré les ajustements nécessaires des actions humanitaires pour répondre aux inondations dans la ville de Ziguinchor. Modérée par Jan Verlin, sociologue à l’Université Lyon 3, cette discussion a également bénéficié de l’expertise de Florent Del Pinto, responsable des opérations d’urgence à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui a partagé des exemples concrets de résilience observés sur le terrain.

De g. à d., Florent Del Pinto, Cheikh Faye, Jan Verlin et Dima El Khouri
Thème 3 : « Les obstacles et perspectives d’une action humanitaire dirigée localement »

Les obstacles et les perspectives liés à la localisation de l’aide humanitaire, un sujet qui reste central dans les réformes internationales depuis le Sommet humanitaire mondial de 2016. Diane Alalouf-Hall, professeure associée à l’Université du Québec à Montréal, avait présenté sa recherche sur les pratiques émergentes du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) dans plusieurs pays, notamment au Sénégal, en Bolivie et au Népal. Fiona Terry, directrice du Centre de recherche opérationnelle (CORE) du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), avait enrichi le débat en apportant son expertise sur les enjeux opérationnels et les défis structurels auxquels l’humanitaire est confronté dans la mise en œuvre de cette localisation. Modéré par Joël Glassman cette table avait mis en lumière les tensions récurrentes entre les approches locales et globales, tout en explorant des pistes concrètes pour améliorer la coordination entre les acteurs locaux et internationaux. Ces échanges avaient permis de dégager des perspectives prometteuses pour renforcer l’efficacité et l’équité dans l’action humanitaire.

De g. à d., Diane Alalouf, Virginie Troit, Fiona Terry, Karine Meaux et Joël Glasman

Ce rendez-vous annuel soulignait l’importance du dialogue entre science et pratique, avec pour objectif ultime d’améliorer durablement les réponses humanitaires et sociales. Une belle occasion de renforcer les liens entre chercheurs, praticiens et décideurs pour relever ensemble les défis du monde contemporain.

Les prix de recherche 2024

En clôture de la journée, la Fondation décernait ses prix de recherche, récompensant des projets innovants et prometteurs dans les champs humanitaire et social.