« Le regard des sciences sociales sur les catastrophes  »

Mardi 18 mai de 17h à 18h30 (heure de Paris, UTC + 2h)

Webinaire sur Zoom

Afin de poursuivre sa mission de susciter le débat entre chercheurs, représentants de la société civile et acteurs institutionnels en cette période de crise sanitaire, la Fondation créé un nouvel événement en visioconférence, « L’Instant recherche ». Permettre la rencontre et le dialogue entre des spécialistes engagés, favoriser un échange ouvert, libre et exigeant, où la diversité des savoirs, des pratiques et des principes permet l’émergence de modèles innovants est aujourd’hui une nécessité.

Participation libre et gratuite sur inscription 

Thématique

Nous assistons depuis plusieurs décennies à une augmentation importante du nombre de catastrophes « naturelles ». En effet, le nombre annuel moyen de ces catastrophes mesuré entre 1997 et 2017 est deux fois plus important qu’entre 1978 et 1997[1], et la tendance à l’augmentation se confirme et semble même s’accentuer[2].

 

Selon le World Disasters Report 2018, publié par la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, 3 751 catastrophes « naturelles » ont été enregistrées dans le monde entre 2008 et 2017. Durant cette période, le nombre estimatif de personnes touchées est de 2 milliards, dont 95 % l’ont été par des aléas liés aux conditions météorologiques, principalement des inondations (36,7 %) et des tempêtes (17 %). Le coût approximatif des dégâts générés par les catastrophes dans les 141 pays impactés dans le monde durant ces dix années s’élève à 1 658 milliards de dollars (US), dont 72,6 % sont imputables aux aléas liés aux conditions météorologiques, les tempêtes représentant à elles seules 41,7 % de ces coûts.

 

Entre 1998 et 2017, les catastrophes climatiques et géophysiques ont causé 1,3 million de morts et 4,4 milliards de personnes blessées, sans abris, déplacées, ou nécessitant une assistance urgente[3]. Chaque année, en moyenne, les catastrophes « naturelles » touchent 199 millions de personnes, causent 67 000 décès et font plonger 26 millions de personnes dans la pauvreté, selon le Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC). Ces chiffres sont amenés à croître dans les années à venir, et on estime que d’ici à 2050, 200 millions de personnes pourraient chaque année avoir besoin de l’aide humanitaire internationale en raison des catastrophes « naturelles » et des conséquences socioéconomiques des changements climatiques[4].

 

Tout cela engendre des crises humanitaires et sanitaires aux causes et modes de gestion spécifiques et dont la multiplication, selon toute prévision, amènera ONG, États, entreprises, institutions internationales à gérer des volumes d’opération en forte croissance à l’avenir. Ce contexte nouveau conduit les acteurs de la société civile et institutions internationales à repenser leur action dans l’optique d’une transition ou articulation plus poussée avec les objectifs du développement durable, et les pouvoirs publics locaux à opter pour des modes innovants de gestion des risques de catastrophes et de transition énergétique. Il est donc important de s’interroger sur ce que ces bouleversements environnementaux impliquent à la fois en termes de conséquences pour les populations ainsi qu’en termes de conception et de pratique de l’action humanitaire.

 

La quatrième édition de « l’Instant recherche » de la Fondation réunira des chercheurs en anthropologie et géographie sur le thème «Le regard des sciences sociales sur les catastrophes». Ils discuteront notamment de l’évolution de ces phénomènes et de la façon dont ils sont abordés par les multiples acteurs engagés dans la gestion des risques et des impacts qu’ils génèrent pour les sociétés.

 

  • Qu’entend-on par « catastrophe naturelle » ? Quelles sont les différentes façons de les aborder, et en quoi celles-ci engendrent différentes façons de les gérer ?
  • Quel bilan tirer à ce jour des mesures prises en prévention ou en réponse aux catastrophes « naturelles » par les multiples acteurs engagés, locaux et internationaux ?
  • L’ampleur des conséquences des catastrophes « naturelles » conduit-elle à un double décloisonnement, si souvent espéré, entre disciplines scientifiques d’une part et entre chercheurs et société civile d’autre part ?

 

[1] Centre for Research on the Epidemiology of Disasters, « Economic Losses, Poverty & Disasters, 1998-2017 », 2018.

[2] IFRC Secretariat DRR & Climate Action Strategy Paper, 2019-2020.

[3] Centre for Research on the Epidemiology of Disasters, « Economic Losses, Poverty & Disasters, 1998-2017 ».

[4] FICR, The Cost of doing nothing, Genève, 2019.

Programme

  • Introduction de Vincent Léger, chargé de recherche de la Fondation
  • Table ronde  « Le regard des sciences sociales sur les catastrophes » autour des trois intervenantes, spécialistes d’anthropologie et de géographie
  • Questions-réponses avec le public

 

Les propos et opinions exprimés pendant ce débat sont ceux de chercheurs indépendants, qui n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas forcément ceux de la Fondation Croix-Rouge française.

Intervenants

Sandrine Revet

Lauréate 2020 des prix de recherche de la Fondation

 

Sandrine Revet est anthropologue, chargée de recherche au CERI  de Sciences Po Paris. Ses premiers travaux se sont orientés autour de l’anthropologie des catastrophes, avec une thèse sur les coulées de boue de 1999 au Venezuela (Anthropologie d’une catastrophe, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2007). De 2008 à 2015, elle a mené une enquête multi-sites sur l’action internationale vis-à-vis des catastrophes qui l’a conduite des bureaux de l’ONU à Genève à plusieurs pays d’Amérique latine dans lesquels sont mis en place des programmes de prévention ou de gestion de catastrophes « naturelles ». En 2018, elle a débuté une recherche sur le règlement par le droit des relations entre humains et environnement dans un contexte de crise à partir du cas du fleuve Atrato en Colombie, déclaré personnalité juridique en 2016. Elle coordonne ou participe à plusieurs réseaux de recherche sur les catastrophes.

Ses dernières publications :

Djiby SAMBOU

Lauréat 2019 des bourses de recherche de la Fondation

Djiby Sambou est géographe, enseignant-chercheur à l’Université Amadou Mahtar MBOW  de Dakar, Sénégal. Après un Master en gestion de l’environnement de l’Université Senghor à Alexandrie (Egypte), il s’est intéressé aux questions des changements climatiques et des ressources en eau en Afrique de l’Ouest, domaine auquel il a consacré sa thèse de doctorat, financée par le programme WASCAL, à l’Université d’Abomey Calavi à Cotonou (Bénin). Ses recherches portent sur des thématiques transversales qui sont liées aux réponses des systèmes sociaux et hydro-écologiques face à des perturbations, stress et changement. Il s’intéresse également aux questions d’éducation relative à l’environnement (développement durable; changement climatique). Il a ainsi élaboré pour le compte du PNUD Mali, un programme scolaire (accompagné de manuels et livrets pédagogiques) d’éducation sur les risques climatiques et les inondations au Mali. En 2019, il est soutenu par la Fondation Croix-Rouge française pour étudier la vulnérabilité socio-écologique du delta du fleuve Sénégal face aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques. Cette recherche s’intéresse notamment aux perceptions et moyens d’adaptation des communautés côtières de Saint-Louis du Sénégal vis-à-vis de cette vulnérabilité et des scénarios d’évolution probables. (lire l’article).

Ses dernières publications :

 

Annabelle Moatty

Lauréate 2020 des bourses de recherche de la Fondation

   

Annabelle Moatty est géographe, post-doctorante associée au laboratoire Littoral Environnement et Sociétés (UMRi 7266 La Rochelle Université – CNRS). Elle a soutenu en 2015 sa thèse « Pour une Géographie des reconstructions post-catastrophe : risques, sociétés et territoires » à l’Université Paul Valéry de Montpellier. Avec le soutien de la Fondation Croix-Rouge française, Annabelle Moatty a conduit en 2020 une recherche visant à analyser les mécanismes de solidarité mis en place après le passage du cyclone Irma sur deux territoires des Antilles françaises, Saint-Martin et Saint-Barthélémy. Cette étude comble un manque de connaissances sur les blocages qui freinent la sortie de crise et contraignent la résilience. Elle prend place dans le Projet ANR Tirex et a notamment permis de concevoir un guide de la reconstruction post-cyclone aux Antilles. Le travail d’Annabelle Moatty s’inscrit dans les grands enjeux environnementaux et sociaux de notre siècle : protection des populations en situations extrêmes (ex. 60 000 personnes vivent à moins de 10m d’altitude sur le littoral de Guadeloupe), d’enjeux de développement durable et régulation des espaces urbanisés en zones de danger afin de réduire le coût des catastrophes, développement en imaginant des territoires moins vulnérables.

Ses dernières publications :


Modérateur

Vincent Léger, chargé de recherche de la Fondation Croix-Rouge française

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Informations pratiques

Mardi 18 mai 2021

Webinaire sur Zoom (lien envoyé aux personnes inscrites)

17h00 – 18h30 (heure de Paris, UTC + 2)

Partenaire des prix et bourses de recherche

Revoir nos éditions précédentes :  1ère édition de l’Instant recherche consacré au « regard des sciences sociales sur les épidémies en Afrique »  2ème édition sur « le regard des sciences sociales sur une action humanitaire locale » et la 3ème édition sur « le regard des sciences sociales sur les migrations« 

Photo du haut : crédit Annabelle Moatty