Laurent Vidal est directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), acteur incontournable dans l’organisation notre séminaire annuel qui s’est déroulé à Yaoundé. Ce docteur en anthropologie nous fait part de son intérêt pour ces moments trop rares de rencontres entre chercheurs et acteurs de l’humanitaire.

 
En tant que chercheur, vous participez à de nombreux séminaires. En quoi, le séminaire international organisé chaque année par la Fondation Croix-Rouge française est-il particulier ?

 

Laurent Vidal – Le séminaire de la Fondation a pour moi une double particularité. En premier lieu, il s’agit d’un séminaire vraiment multi-acteurs. C’est la volonté des organisateurs et c’est une réalité. On y retrouve des participants venus d’horizons très différents : le monde académique dans son ensemble – des chercheurs, des enseignants-chercheurs-, les acteurs de l’humanitaire bien sûr mais aussi des personnes issues du système des Nations unies. La deuxième caractéristique du séminaire, c’est le choix du lieu. De façon pertinente, il se tient dans un pays où l’actualité humanitaire est forte. C’est ce qui fait tout l’intérêt de la rencontre. Pour le Cameroun cette année par exemple, des crises humanitaires sévissent au moins dans trois régions du pays. Pendant les six tables rondes, nous avons pu avoir des échanges francs, sans langue de bois, sur la situation dans le pays et sur le mode d’action de la gouvernance et des agences internationales.

 
L’IRD est un partenaire fidèle de la Fondation. Il s’implique chaque année à travers ses délégations locales dans l’organisation du séminaire international de la Fondation. Comment souhaiteriez-vous voir évoluer ce partenariat ?

 

LV – Il faut conserver le modèle actuel des séminaires. A travers notre partenariat et les évènements que nous co-organisons, nous devons encourager la prise de distance de chacun -opérationnels et chercheurs- par rapport à son sujet respectif. Les humanitaires doivent se pencher davantage sur l’analyse de leurs actions et les chercheurs réciproquement davantage sur l’utilité sociale de leurs constats, de leurs résultats, en se demandant concrètement comment leurs travaux peuvent permettre d’améliorer les conditions de vie des populations. C’est tout l’objet de notre collaboration.

 

Selon vous, l’humanitaire a-t-il besoin de la recherche ?

LV – Je dirais plutôt que la recherche a tout intérêt à s’intéresser aux questions humanitaires. A l’IRD en particulier, nous travaillons sur des problématiques de développement, mais ces problématiques se présentent souvent sous forme de crises, qui rappellent tout à fait les crises humanitaires. A partir du moment où l’humanitaire est un sujet de recherche, alors je pense que l’humanitaire a tout intérêt à s’emparer des résultats de cette recherche et à en tenir compte dans son processus de prise de décision et ses plans d’action.