Le 14 mars 2019, à l’Université Paris III, Coordination SUD lançait « l’OngLAB », sa mission dédiée au décryptage des évolutions à l’oeuvre dans le secteur de la solidarité internationale. L’OngLAB a pour objectif de produire des analyses et mener des études d’intérêt général  pour nourrir le débat dans le monde du développement. Philippe Jahshan, président de Coordination SUD a  inauguré et présenté ce think tank comme un outil de décryptage des évolutions et transitions qui traversent le monde de la solidarité internationale en accompagnant les ONG dans ces mutations via la production d’études et notes de décryptage.

La conférence-débat qui a suivi la présentation de l’OngLAB, organisée en partenariat avec l’AFD et la Fondation de France, était  modérée par la journaliste Sabah Rahmani, rédactrice en chef adjointe du journal Kaizen. Avec pour titre « Les ONG sont-elles encore utiles ? », elle portait sur le thème  de l’utilité et de l’ambivalence des  ONG internationales. En cherchant ainsi à favoriser la distance critique et le questionnement au travers de regards croisés entre chercheurs et professionnels du développement, les objectifs de l’OngLAB rejoignent certaines missions de la Fondation Croix-Rouge française.

Coordination SUD avait sollicité trois intervenants pour participer à ce vaste  débat et parmi eux Emeline Uwizeyimana, docteure en Sociologie de  l’Université libre de Bruxelles et lauréate d’une bourse postdoctorale du Fonds Croix-Rouge française en 2016. Emeline Uwizeyimana est rwandaise, spécialiste de l’efficacité de l’aide humanitaire, et a effectué son post-doctorat sur « La transition humanitaire dans un camp de réfugiés burundais au Rwanda » (consulter la recherche). Deux autres intervenants avaient été  conviés : Najia Bounaim, directrice régionale adjointe Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International,  et Damien Hazar, coordinateur de l’association Vida Brasil.

Parmi les problématiques soulevées par les panélistes figuraient la question de l’indépendance des ONG locales du « Sud », souvent freinée par les exigences des bailleurs de fonds occidentaux, ainsi que la méfiance manifestée à l’égard des organisations de la société civile par certains acteurs.  Emeline Uwizeyimana a notamment insisté sur l’importance de l’implication des bénéficiaires et du respect de leur culture dans l’élaboration des projets de développement. Najia Bounaim, en tant qu’ancienne dirigeante d’une association marocaine, a précisé que l’enjeu pour les ONG du « Sud » était de changer de modèle et de ne pas uniquement remplir leur rôle de « sous-traitance » des ONG internationales. Damien Hazar a souligné que le rôle des ONG n’était pas de combler les lacunes de l’Etat à travers des programmes de développement, mais de dénoncer les carences de l’Etat en produisant des études, et par là même influer sur les politiques publiques.

Les interventions des trois panelistes ont suscité plusieurs échanges avec le public nombreux, qui avait pris place dans l’amphithéâtre A de l’Université Paris Sorbonne Nouvelle. François Grünewald, directeur du think tank URD (Urgence Réhabilitation Développement) a notamment questionné l’emploi de l’expression « utilité des ONG », en se demandant quelle serait l’alternative et quels rôles seraient alors attribués aux acteurs étatiques.

Un débat animé et un lancement réussi pour l’OngLAB !