A propos des Pauses-Culture-Recherche
Afin de promouvoir les interactions entre les acteurs humanitaires et les chercheurs en sciences humaines et sociales, la Fondation Croix-Rouge française organise régulièrement des « Pause-Culture-Recherche » (PCR) au Campus Croix-Rouge française. L’ambition de ces PCR est d’incarner de manière concrète le lien entre recherche et société, au travers de retours d’expérience et de collaborations entre chercheurs en sciences humaines et acteurs humanitaires et sociaux ou encore d’artistes.
Lors de cette 8ᵉ édition, la Fondation Croix-Rouge a accueilli au siège de la Croix-Rouge française Boris Martin, rédacteur en chef de la revue Alternatives Humanitaires. Il est venu présenter son dernier ouvrage, J’étais du bataillon des enfants perdus (Éditions Le Bord de l’eau, 2024), dans une intervention profondément personnelle et empreinte de résilience.
Ce récit, qu’il dit être « arrivé presque par accident », s’inscrit dans la continuité de ses nombreux écrits consacrés à l’action humanitaire, notamment L’Adieu à l’humanitaire ? Les ONG au défi de l’offensive néolibérale (Éditions Charles Léopold Mayer, 2015).
Une écriture instinctive et un témoignage puissant
Boris Martin a partagé avec le public la genèse de son ouvrage. À l’origine, il souhaitait écrire un roman, mais cette histoire s’est imposée à lui comme une évidence, une « surprise ». Il s’est alors donné pour mission de l’écrire « à la hauteur du gamin que j’étais », sans recherches préalables ni documentation, en se fiant uniquement à son ressenti. À travers ce récit personnel, il éclaire sur le système d’aide à l’enfance et témoigne de son propre vécu. Il y relate les violences symboliques subies, les moments heureux, la chance d’être resté dans une seule et même famille, mais aussi le sentiment de précarité et de vulnérabilité qui l’a accompagné. Malgré les épreuves, son ouvrage est avant tout un témoignage de résilience, ou
plutôt d’anastylose, dirait Boris Martin. L’anastylose vient du grec ancien αναστήλωσις, composé de ανα, « de nouveau », et στηλόω, « ériger ». C’est un terme archéologique et architectural qui désigne la reconstruction d’un édifice à partir de ses ruines. Boris Martin applique ce concept a sa propre vie et fait de ce renouveau son mantra.
Un appel à la reconnaissance et au dialogue
Le dernier moment de cette rencontre s’est fait autour des échanges avec le public lors desquels un constat unanime s’est dégagé : il est difficile d’aborder ces sujets, mais il est essentiel d’ouvrir le dialogue. Parler des réalités du placement, des défis du système de protection de l’enfance et des parcours de résilience est une nécessité pour sensibiliser et inspirer les jeunes concernés. Il insiste sur l’importance de faire entendre la voix des enfants placés et de rendre hommage aux travailleurs sociaux qui les accompagnent. « À partir d’une histoire de vie, il y a une répercussion dans toutes les vies », souligne-t-il, mettant en lumière l’impact collectif de son témoignage.
Crédit photo : Caroline Vitaglione