« Le regard des sciences sociales sur une action humanitaire locale »

Mardi 8 décembre de 17h à 18h30 (heure de Paris, UTC + 1h)

Webinaire sur Zoom

Afin de poursuivre sa mission de susciter le débat entre chercheurs, représentants de la société civile et acteurs institutionnels en cette période de crise sanitaire, la Fondation créé un nouvel événement en visioconférence, « L’Instant recherche ». Permettre la rencontre et le dialogue entre des spécialistes engagés, favoriser un échange ouvert, libre et exigeant, où la diversité des savoirs, des pratiques et des principes permet l’émergence de modèles innovants est aujourd’hui une nécessité.

Participation libre et gratuite sur inscription 

Thématique

Le regard sur l’action humanitaire locale a changé depuis le début du XXIème siècle. L’objectif de parvenir à une réponse plus locale et décentralisée aux besoins humanitaires est apparu dans l’agenda politique comme une réponse possible aux problèmes auxquels se heurte l’humanitaire international aujourd’hui, et à la nécessité de le réformer. Le rapport du Secrétaire général du Sommet humanitaire mondial de 2016, et le Grand Bargain qui en résulta, avaient appelé à des réponses « aussi locales que possible, aussi internationales que nécessaire », le système humanitaire international s’engageant davantage à investir dans la capacité des organisations locales à travailler en complément avec les homologues internationaux.

 

La « localisation de l’aide » est généralement définie comme un processus collectif des différentes parties prenantes du système humanitaire (donateurs, organismes des Nations Unies, ONG) qui vise à ramener les acteurs locaux (autorités locales ou société civile) au centre du système humanitaire avec un rôle plus important et plus central. En plus de permettre une réponse humanitaire plus efficace et performante, l’objectif à long terme de la « localisation » est de renforcer la résilience des communautés touchées par la crise en établissant des liens avec les activités de développement.

 

Concrètement, sur le terrain certains acteurs humanitaires internationaux développent des modèles opérationnels inédits (en matière de partenariat, transfert de compétences, accès aux financements, ressources humaines, gouvernance, etc.), ou de fortes innovations dans la réponse aux besoins des populations affectées, tels les transferts de cash, afin d’être plus efficaces. D’autres acteurs travaillent désormais à identifier des solutions de financement innovantes visant à renforcer les interventions humanitaires menées localement.

 

Cependant, il y a peu de consensus sur ce que signifie une réponse véritablement « locale », en théorie ou en pratique, et il y a très peu d’incitations à la promouvoir au sein d’un système enclin à la centralisation structurelle et culturelle. En conséquence, les initiatives allant dans ce sens, même si elles montent en puissance, demeurent marginales et les premières leçons tirées du débat sur la « localisation », ou encore la « fragmentation » de l’aide, montrent la vivacité de la discussion sur la façon dont l’articulation des deux dimensions « globales » et « locales » du système de solidarité internationale se traduit sur le terrain en termes d’efficacité, de coordination des aides extérieures avec les dispositifs d’aide intérieurs, et d’adéquation de l’aide avec les besoins des populations.

 

Les travaux des spécialistes en sciences humaines et sociales permettent de comprendre les obstacles et perspectives d’une action dirigée localement et de proposer des pistes de réforme de la réponse humanitaire contemporaine.

 

La deuxième édition de « l’Instant recherche » de la Fondation réunira des chercheurs en science politique, anthropologie et criminologie sur le thème « Le regard des sciences sociales sur une action humanitaire locale ». Ils discuteront notamment du rôle des sciences humaines et sociales dans la compréhension et transformation du secteur humanitaire international.

 

  • Comment les grandes mutations de l’humanitaire ont-elles fait naître ce débat sur une action humanitaire locale ?
  • Quel bilan tirer des appels pour une action plus « locale », et comment l’expliquer ?
  • Concrètement, comment réconcilier local et global, notamment dans les contextes d’humanitaire durable ?
  • Comment les chercheurs peuvent-ils intervenir dans les débats sur l’avenir de l’humanitaire et encourager des réformes ?

Programme

17h00 : Introduction de Virginie Troit directrice générale de la Fondation

17h05 : Portrait de Dorothea Hilhorst, lauréate 2020 des Prix de recherche de la Fondation pour ses travaux sur l’action humanitaire et son engagement pour la recherche humanitaire

17h15 : Table ronde « Le regard des sciences sociales sur une action humanitaire locale » autour des quatre intervenants, spécialistes de science politique, anthropologie et criminologie

18h15 : Questions-réponses avec le public

18h30 : Fin

Intervenants.es

Dorothea Hilhorst

Lauréate 2020 des prix de recherche de la Fondation

 

Dorothea Hilhorst est professeur des études humanitaires à l’Institut international des études sociales (ISS) de l’Université Erasmus de Rotterdam, présidente de l’Association internationale des études humanitaires (IHSA) et directrice honoraire de Creged (Centre de Recherche et d’expertise Genre et Développement). Elle est titulaire d’un doctorat de l’Université de Wageningen, avec une thèse intitulée « Records and Reputations. Everyday Politics of a Philippine Development NGO. » Les recherches de Dorothea Hillhorst concernent l’action humanitaire : les relations avec la société et les aspects de développement des catastrophes, les conflits et l’aide humanitaire, et les interactions entre eux. Elle étudie comment l’aide est intégrée dans le contexte, influe sur les gouvernements et la société, et est façonnée par les multiples actions des acteurs dans et autour des programmes de protection, de prestation de services et de développement des capacités. Quel est l’impact de l’aide humanitaire sur la société et la manière dont les personnes et les institutions façonnent l’organisation des relations d’aide ? Elle s’intéresse particulièrement aux intersections de l’humanitarisme avec le développement, la consolidation de la paix et les relations entre les sexes. Parmi ses dernières publications :

Aïssa Diarra

Lauréate 2020 des bourses de recherche de la Fondation

Aïssa Diarra est médecin et anthropologue, experte en recherche appliquée sur les enjeux politiques de la santé en Afrique de l’Ouest, avec 15 ans d’expérience en enseignement et recherche, maîtrisant particulièrement les problématiques du genre et la santé maternelle et infantile dans un contexte de pauvreté. Affiliée au Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL), basé à Niamey (Niger), Mme Diarra mène actuellement une recherche avec le soutien de la Fondation et de la Croix-Rouge française intitulée « Renforcer les micro-réformes endogènes pour améliorer les services de santé sexuelle et reproductive dans trois pays du sahel (Mali, Mauritanie, Niger). Cette recherche a pour objectif d’examiner les micro-réformes et les innovations locales qui pourraient améliorer l’accès et l’utilisation des services liés à la santé sexuelle et reproductive et à la planification familiale, en particulier en termes de qualité des soins et de réduction des inégalités liées au genre, au Mali, au Niger et en Mauritanie. Parmi ses dernières publications :

  • Desclaux A., Diarra A., Musso S., 2020, « Guérir en Afrique : promesses et transformations», L’Harmattan (sous presse).
  • Diarra A., Tini A.A., 2019, « Le monde relationnel des patients enfants et « adultes » dans un service de pédiatrie en Afrique de l’Ouest, in Jaffré (dir), Enfants et soins en pédiatrie en Afrique de l’Ouest, Paris, Karthala.
  • Jaffré & al (Diarra A.), Des enfants d’Afrique de l’Ouest parlent de la maladie, des soins, de l’hôpital. Comment leur répondre ? Marseille, Editions Résurgences, 2015, 56p.

 

Arnaud Dandoy

Lauréat 2015 des bourses de recherche de la Fondation

   

Arnaud Dandoy est docteur en criminologie (Université de Kent, Royaume-Uni). Après avoir passé plusieurs année en Haïti comme professeur à l’Université d’Etat d’Haïti, il est désormais chargé de recherche au bureau régional méditerranée d’Avocats sans frontières Belgique, basé à Tunis. Avec le soutien de la Fondation CRf, Arnaud Dandoy a conduit en 2015 une étude explorant les rapports inégalitaires et paradoxaux qui se développent de façon cachée entre les acteurs humanitaires et la population locale haïtienne, en partant d’une situation sociale spécifique, à savoir la dépendance mutuelle entre les humanitaires et leur femme de ménage, pour rendre visible cette relation de domination masquée qui alimente les tensions et les frustrations (lire l’article). Ses dernières publications :

  • Arnaud Dandoy, Généalogie des prisons en Haïti (1685-1915), Rapport pour la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) (2020)
  • Arnaud Dandoy, Etude sur les conditions de séjour et les trajectoires des mineurs incarcérés au CERMICOL, Rapport pour la Fondation Terre des Hommes-Italie (2018)
  • Arnaud Dandoy, Le vigilantisme en Haïti. Manifestations des formes non étatiques de protection dans un contexte de crise humanitaire en milieu urbain, Rapport pour l’IIED (2017)

 

Alice Corbet

Lauréate 2015 des bourses de recherche de la Fondation

Alice Corbet est docteure en anthropologie (EHESS et CNRS) rattachée au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM). Elle travaille depuis 2003 sur l’humanitaire et les camps de réfugiés ou de déplacés, d’abord dans les camps sahraouis, puis en Haïti et en Ethiopie. Elle a aussi collaboré avec de nombreuses ONG (Haïti, Niger, Mauritanie, Burkina Faso) pour comprendre l’organisation générale des situations de camps et aider à une approche socio-culturelle lors de crises sanitaires, telles qu’épidémiques. Avec le soutien de la Fondation CRf, Alice Corbet a conduit en 2015 une ethnographie localisée des relations entre agents de l’État et acteurs humanitaires dans la région de Gambella, en Ethiopie). Se concentrant sur le cas des camps de réfugiés de Gambella, sa recherche a mis en évidence les liens entre les acteurs étatiques éthiopiens et les acteurs des organisations humanitaires. Ses dernières publications :

  • Alice Corbet, 2016 « Community after all? An inside perspective of encampment in Haiti », Journal of Refugee Studies, special issue “What is a camp? Explorations of the limits and effects of the camp’, ed. : Simon Turner, volume 29, n°2 (juin), pp.166-186
  • Alice Corbet, 2018 « Au-delà de l’exil : mobilité des étudiants sahraouis et impacts de leur retour dans les camps », dans Sébastien Boulay, Francesco Correale, Sahara Occidental, conflit oublié, population en mouvement, Tours, Presses Universitaires François Rabelais, pp. 337-352.
  • Alice Corbet, 2018 « Haïti, des vivants et des morts », dans Musset Alain, Acosta Virginia, Les catastrophes et l´interdisciplinarité : dialogues, regards croisés, pratiques, Louvain-la-Neuve, Academia-L’Harmattan, pp. 93-110.

Modérateurs

Virginie Troit, Directrice de la Fondation Croix-Rouge française

Vincent Léger, Chargé de recherche de la Fondation Croix-Rouge française

En savoir plus...

Informations pratiques

Mardi 8 décembre 2020

Webinaire sur Zoom (lien envoyé aux personnes inscirtes)

17h00 – 18h30 (heure de Paris, UTC + 1)

Partenaire des prix de recherche

Revoir notre 1ère édition de l’instant recherche consacré au « regard des sciences sociales sur les épidémies en Afrique » du mardi 3 novembre 2020.

Photo du haut : crédit FICR