Le 15 juin 2023, les 8 chercheurs soutenus par la Fondation dans le cadre du programme « Recherche urgence Ukraine » ont rencontré à nouveau des représentants de la Croix-Rouge française engagés dans l’assistance aux personnes déplacées suite à l’agression russe en Ukraine.
Isabelle Clémenceau, chargée de mission Actions nationales Ukraine à la Direction déléguée à l’Urgence et aux Opérations de secours, et Laurent Audoin, responsable « Coordination opérationnelle – gestion des risques et des crises – Action Ukraine » de la Croix Rouge française, ont eu l’occasion de discuter des progrès et des premiers résultats des 8 recherches en cours.
Ces recherches mettent en évidence les particularités de ces exils, les spécificités selon les groupes de population, les villes d’accueil, les problématiques et les différentes temporalités en jeu. Elles visent à fournir des outils nécessaires pour mieux appréhender la situation des personnes exilées de l’Ukraine installées en France.
Durant cette rencontre, deux étudiantes ont également été présentes dans le cadre de leur mémoire sur les vécus d’exils ukrainiens. Elvira Pavlenko, traductrice ukrainienne au sein de la Croix-Rouge et Ines Delhommeau, masterante ont mené ce terrain ensemble et ont pu bénéficier de cette rencontre pour découvrir le travail des chercheurs soutenus par la Fondation.
Denys Gorbach a ouvert la discussion en présentant l’avancée de sa recherche sur les stratégies de survie des réfugiés ukrainiens. Il questionne leur vécu mais aussi les différents systèmes d’adaptation mis en place. Son travail met en avant un soutien institutionnel basé sur des représentations biaisées qui ne répond pas aux besoins réels des Ukrainiens et Ukrainiennes.
Un constat auquel la recherche de Camille Schmoll fait échos. La chercheure qui a commencé le plus récemment sa recherche interroge les trajectoires migratoires et leurs évolutions, avec un point centrale le genre : dans les dynamiques d’insertion, l’évolution des configurations familiales ainsi que dans les dynamiques d’installation en cours. Une recherche qui permettra de comprendre la question des circulations et les projets des Ukrainiens et Ukrainiennes en France afin de proposer des dispositifs adaptés.
Tétiana Stoianova a quant à elle présenté une méthode pour mesurer l’isolement et le niveau de solitude ressenti par les personnes. Une recherche qui vise a démontré le lien entre santé mentale et violence domestiques et dont l’objectif est d’améliorer l’accueil des personnes en créant des outils de prévention de la santé mentale.
Une réflexion sur les conséquences psychologies, précisément les psycho-traumatismes, l’un des effets les plus fréquents des déplacements forcés et de l’exposition à la violence des conflits armés, que travaille également Giovanni Matera. Giovanni étudie avec les responsables et des personnes migrantes âgées ukrainiennes la façon dont se déroule la prise en charge des réfugiés dans plusieurs centres régionaux de psycho-traumatisme (CRP).
Ludovic Joxe a présenté ses premiers résultats sur les continuités des soins pour les exilés ukrainiens. Son analyse met en avant le processus de normalisation en cours qui permet à ces familles de rentrer dans le système de santé français. Il a également souligné leur expérience de l’accueil différencié du point de vue juridique et des dispositifs. Ludovic collabore avec Armelle Klein, qui enquête sur les conditions d’accès aux soins des personnes âgées ukrainiennes réfugiées en France. Son projet entend apporter un ancrage dans le champ de la sociologie du vieillissement et une approche centrée sur la situation d’exil et le statut des personnes réfugiées.
Enfin, le travail de Jordan Pinel sur l’engagement des citoyens des villes moyennes et petites de Vienne et de Vendée souligne cette impulsion de l’Etat et des médias dans l’accueil et l’engagement citoyen. Ses pistes de recherche ont fortement parlé à Isabelle Delorme, géographe, docteure en histoire et responsable du programme pour étudiants réfugiés à Sciences Po Paris, qui a présenté les premiers éléments de sa typologie des différents acteurs et réseaux humanitaires et sociaux en faveur des réfugiés.
Durant ces échanges, les chercheurs ont pu bénéficier des contacts et des réseaux de Laurent Audoin et de Isabelle Clemenceau tout en partageant et en réfléchissant à l’utilité opérationnelle mais aussi scientifique de leurs premiers résultats. Des dialogues qui ont ouvert des pistes de collaboration nouvelles notamment dans la collecte de données complémentaires.