Complex crises and uncertainties: towards an integrated DRR and epidemic preparedness and response approach

Thématique de recherche

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Ces dernières années, la communauté internationale a été marquée par la survenue d’épidémies importantes et fréquentes, entraînant une nécessité d’efficacité dans les réponses, mais qui a aussi révélé l’importance d’une meilleure analyse holistique des mécanismes de préparation et réponse multisectorielle, au niveau international comme communautaire.

Le Choléra (au Tchad, en Haïti, au Yémen) ou encore Ébola (en Golfe de Guinée, en RDC), le Zika, la malaria et d’autres maladies à transmission vectorielle, ou même la Rougeole dans certains contextes de      pauvreté, entraînent une nécessité de penser les dimensions complexes des crises qui résultent de l’impact de plusieurs risques (d’origine épidémique, climatique ou humaine) menaçant les populations vulnérables.

Des épidémies comme le SARS-COV, responsable de la pandémie de Covid-19, remettent sur le devant de la scène les risques liés aux virus zoonotiques. Rappelons que 60 % des maladies infectieuses dites émergentes correspondent à des zoonoses et 70 % d’entre elles proviennent de la vie sauvage[1]. De nombreux facteurs politiques ou socio-culturels se trouvent ainsi à l’origine de « hot spots » pour l’émergence de maladies infectieuses, citons par exemple : l’industrie alimentaire et l’élevage intensif, les inégalités sociales et la pauvreté qui multiplient les risques de transmission d’une épidémie ou encore les mobilités humaines et les voyages qui favorisent la dissémination de maladies infectieuses[2]. Par ailleurs, les épidémies et pandémies ont des profils multiples, certaines se soignent rapidement, d’autres non, certaines sont plus ou moins contagieuses, plus ou moins dangereuses voire mortelles, certaines n’ont pas de traitements disponibles ou pas accessibles dans certaines régions du monde. Enfin, les vecteurs de contagion liés à l’eau, à l’air, à la nourriture ou encore aux échanges de liquides corporels comme le VIH Sida sont autant d’éléments à prendre en considération dans une approche de réduction des risques épidémiques.

Les données que l’ONG internationale ACF collectent depuis 40 ans mettent en avant que les épidémies ont une conséquence directe et indirecte sur la santé, la faim et l’insécurité dans le monde. « Des interventions humanitaires et de développement considérables, rapides et adaptées sont donc aujourd’hui nécessaires. Au vu des premières observations de nos programmes ; les impacts de la COVID-19 sont multiples, massifs et variables selon les régions, différents selon les zones, qu’elles soient rurales ou urbaines ou fonction de la disponibilité́ et de laccessibilité́ des denrées alimentaires. Les interventions doivent donc être globales et adaptées à chaque contexte, et se faire en collaboration avec les populations et les organisations de la société́ civile pour définir à la fois les besoins et les solutions. »[3] La question est alors comment préparer et répondre aux épidémies mais aussi comment réduire les potentiels impacts d’une épidémie ?

Les épidémies mettent en lumière trois axes. Tout d’abord, l’émergence de zoonoses, l’érosion de la biodiversité et le changement climatique comme des processus qui sont étroitement liés. « Ce processus d’anthropisation se traduit par la destruction des habitats de la faune sauvage, par la pénétration croissante des humains dans les milieux encore préservés ou encore par la création d’habitats artificialisés auxquels s’adaptent certains éléments de la faune sauvage, notamment ceux les plus susceptibles d’héberger des pathogènes dangereux pour l’Homme. »[4]

Alors que les conflits, le changement climatique, les catastrophes d’origine naturelle et le rapport de l’homme avec le vivant ont un lien étroit avec les épidémies et les incertitudes à venir en matière de santé, ces secteurs fonctionnent encore trop en silo. Les acteurs humanitaires de la santé se sont surtout concentrés sur la prise en charge, et moins sur la préparation et l’anticipation.

Même si récemment les aléas tels que les épidémies et les conflits ont étés plus (mais pas encore systématiquement) intégrés par les acteurs humanitaires     , il existe un manque d’intégration entre préparation aux catastrophes et préparation aux épidémies.

Élargir le champ d’action de la GRC en pensant les liens entre épidémies, activités de l’Homme et dégradation de son environnement et pas seulement aléas d’origine naturelle (comme c’est le cas actuellement) est un défi en matière d’outillage, de ressources financières et humaines et de gouvernance appropriée, pour une vraie gestion multirisque.

En conséquence, il existe très peu de littérature et de compréhension sur la valeur ajoutée que les outils et approches de Réduction des Risques de Catastrophes (par exemple : les analyses participatives des vulnérabilités et des capacités, les systèmes d’alerte précoce, les mesures de mitigation des risques, la préparation à la réponse, les plans de contingence, etc.) peuvent avoir dans le but d’atteindre une plus efficace prévention, préparation et réponse aux épidémies. Comment ces outils RRC pourraient intégrer une dimension « épidémie » tout en étant adaptés et utilisés dans des contextes pluriels où les perceptions des acteurs divergent ?

Par ailleurs, les grandes épidémies mettent en avant une crise systémique et des limites en matière d’approches transversales et intersectorielles. Si la réponse à la pandémie de Covid-19 a vu plus d’essais d’intégration se mettre en place, dans le but de coordonner et de mutualiser les efforts de réponse, les compétences et les approches utilisées sont encore limitées pour atteindre une plus efficace prévention et préparation multirisques.

Effectivement, si les acteurs humanitaires se sont concentrés sur l’amélioration et l’efficacité de la prise en charge clinique, les activités transversales de prévention et de contrôle des épidémies sont encore fragiles. Contrairement à ce qu’on observe dans la gestion des catastrophes, la réponse au choc est souvent mise au premier rang des humanitaires comme des institutions de protection civile dans le secteur de la santé publique (épidémies en particulier), sans intégrer une dimension de prévention et de contrôle.

Or, seule la mise en commun de connaissances épidémiologiques, médicales, sociales voire psycho-sociales, politiques et écologiques pourrait aboutir à des mesures préventives adéquates.

Ainsi, les épidémies révèlent dans l’espace socio-médical et humanitaire conventionnel[5] des défis de gouvernance, de management du changement et de la transformation, et de résilience des organisations de la solidarité internationale et locale en matière de surveillance des vecteurs potentiels, de recherche sur les infections émergentes par zone géographique ainsi que des éléments socio-économiques, politiques et écologiques à repenser pour réduire les risques épidémiques non intentionnels futurs.

 

Objectif de la recherche

L’objectif de cette recherche est de répertorier les approches RRC qui sont utilisées de manière intégrée dans la gestion des risques des catastrophes et d’évaluer leur valeur ajoutée dans la gestion des risques d’épidémies, qu’elles soient d’origine zoonotique ou non, comme le cholera ou la rougeole par exemple. L’étude réalisée se présentera comme une revue de la littérature, des outils et des pratiques inspirantes autour des enjeux de GRC, des impacts, à la coordination ou au management de programmes.

Elle permettra de mieux comprendre les approches utilisées dans ces deux secteurs (gestion des risques de catastrophes et épidémiques), leurs points de convergence existants ou potentiels, la valeur ajoutée que peuvent représenter les approches de GRC dans la prévention et préparation aux épidémies.

  • Entre intelligence collective et rapports plus humains, comment appréhender et mieux gérer des crises humanitaires à caractère sanitaire, toujours plus complexes, multifactorielles et potentiellement plus fréquentes ?
  • Approche intégrée entre Gestion de Risques des Catastrophes et Gestion des Épidémies, acteurs humanitaires internationaux et locaux, conventionnels et informels de la solidarité : quelles articulations, quelles inspirations ?
  • Quels sont les principaux outils et approches de réduction des risques de catastrophes au sein du mouvement CRCR et au niveau des acteurs internationaux (OMS, MSF, etc.) qui sont déjà utilisés ou intégrés dans la prévention et préparation aux épidémies ?
  • Quels sont les points de similitude, les points de chevauchement entre ces outils de RRC et le contexte des épidémies ?
  • Dans quelle mesure les approches et outils de réduction des risques de catastrophes apportent une valeur ajoutée dans l’atteinte d’une prévention préparation et réponse aux épidémies plus efficace ?
  • Quel sont les bonnes pratiques qui pourraient être promues davantage ?
  • Quelles lacunes ou divergences sont constatées dans l’intégration des approches GRC dans la préparation et la réponse aux épidémies ?
  • Quelles recommandations pourraient être suggérées pour intégrer davantage les approches dans ces deux domaines, dans le but de mieux prendre en compte les risques d’épidémie dans la GRC d’une part, et d’appliquer les savoirs et avancements du secteur GRC dans une plus efficace prévention et anticipation des épidémies d’autre part ?

Les candidats sont particulièrement encouragés à explorer les pratiques de l’aide humanitaire      à travers l’étude d’outils existants, de concepts comme l’incertitude, la systémique ou encore la résilience et l’agilité des organisations et d’indicateurs clés. Le travail d’analyse des pratiques et de leur valeur ajoutée pourra porter non seulement sur les entités du Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge mais également sur d’autres acteurs humanitaires et du secteur de la santé et de la GRC (OMS, MDM, MSF, réseau FOREWARN du Start Network, OCHA, UNDRR, etc.).

Outre ces enjeux scientifiques, cette recherche contribuera à guider et accompagner le travail d’adaptation et/ou développement des nouveaux outils adaptés/intégrés qui seront testés sur le terrain. L’objectif opérationnel de cette étude sera de mettre en exergue le potentiel d’actions communes face aux crises complexes et d’ampleur. Des pistes de réflexion et d’action seront mises en avant, pour une meilleure prise en compte des besoins des populations, qui ne vivent pas les risques de manière « silotée en secteurs », et une amélioration dans l’efficacité des actions de réduction des risques de catastrophes et des épidémies.

Une première utilisation concrète des résultats de l’étude se fera dans le cadre de « RIPOSTE », un programme de formations et de développement d’outils de gestion de la Croix-Rouge française, cofinancé par l’Agence française de Développement. Celui-ci a pour ambition de standardiser des volets de préparation et de réponse aux épidémies avec l’apport d’outils concrets utilisables par les acteurs de terrain. Ces outils permettront le développement d’une expertise technique plus pertinente et adaptée aux incertitudes et crises complexes.

Zones géographiques de recherche

 

La recherche consistera en une analyse documentaire des outils et approches RRC utilisés dans la prévention et gestion des épidémies, accompagnée d’enquêtes qualitatives, principalement basées sur l’analyse des documents et outils existants et d’entretiens faits auprès de personnes clés du secteur (internes et externes au mouvement CRCR).

 

La recherche aura lieu en France. La consultation d’acteurs humanitaires de la gestion des risques de catastrophes et de la santé (principalement prévention, préparation et réponse aux épidémies) pourra impliquer des déplacements.

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Bourse de recherche (individuelle)

Nombre de bourse : 1

Montant : 11 000 €

Chaque lauréat bénéficiera en outre de :

  • suivi scientifique et tutorat personnalisés
  •  accompagnement dans la valorisation des résultats de la recherche (traduction en anglais, publications sur ce site, soutien pour publier dans des revues d’excellence et notamment dans la revue Alternatives humanitaires, participation aux Rencontres de la Fondation)
  • abonnement d’un an à la revue Alternatives humanitaires
  • une adhésion d’un an à l’International Humanitarian Studies Association (IHSA)

Dates clés :

6 juin 2022 : lancement de l’appel
13 septembre à minuit (heure de Paris) : nouvelle date de clôture des candidatures
14 octobre : annonce des résultats
1er novembre 2022 : nouvelle date de début de la recherche
1er mai 2023 : nouvelle date de rendu du livrable final

Mots-clés :

  • Epidémie
  • Catastrophe
  • Santé
  • Crise

Financé par :

crédit photo : pixabay